L'Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc

A gauche Mohammed VI et à droite Abdelmajid Tebboune
A gauche Mohammed VI et à droite Abdelmajid Tebboune

L'Algérie rompt ses relations diplomatiques avec le Maroc, a déclaré le 24/08/2021 le ministre des Affaires étrangères Ramdane Lamamra lors d'une conférence de presse, accusant son voisin d'opérer des "actions hostiles". Un énième signal symbolique, certes plus fort que les précédents, mais qui est une suite logique.

Lors d'une conférence de presse, le ministre algérien des Affaires étrangères a déclaré: "Les actes d'hostilité incessants menés par le Maroc contre l'Algérie ont nécessité la révision des relations entre les deux pays et l'intensification des contrôles de sécurité aux frontières occidentales".

Le mois dernier, l'ambassadeur algérien au Maroc avait été rappelé et d'éventuelles mesures supplémentaires étaient envisagées. Cette flambée de tension entre les voisins nord-africains concerne leurs avis opposés sur l'avenir du territoire du Sahara occidental. Pour rappel, Le Front Polisario se bat pour l'indépendance du Sahara occidental, une colonie espagnole jusqu'au milieu des années 1970 désormais largement occupée et administrée par le Maroc.

Le Maroc fait semblant de ne pas comprendre

Le ministère marocain des Affaires étrangères a déclaré le 25/08/2021 que le pays "regrette" la décision "totalement injustifiée" de l'Algérie voisine de rompre les relations diplomatiques. Cette décision était "attendue (...) compte tenu de la logique d'escalade observée ces dernières semaines. Le Maroc rejette catégoriquement les prétextes fallacieux, voire absurdes, qui le sous-tendent".

Cette décision marque une nouvelle étape dans le conflit entre les deux pays voisins, qui sont embourbés dans de multiples querelles depuis plusieurs décennies, avec notamment leurs frontières fermées les unes aux autres. Pour rappel, les frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc sont fermées depuis le début des années 1990.

Le ministre algérien des Affaires étrangères a notamment dénoncé des "actes d'espionnage massifs et systématiques" de la part du Maroc, en référence aux allégations selon lesquelles les services de sécurité du royaume auraient utilisé le logiciel espion Pegasus de fabrication israélienne contre ses responsables et ses citoyens, a rapporté l'agence de presse officielle APS. Le Maroc nie catégoriquement de telles affirmations.

D'autres reproches concernent également des propos rapportés par l’ambassadeur du Maroc aux Nations Unies à la mi-juillet qui soutenaient le mouvement indépendantiste kabyle en Algérie, visant à semer le trouble au sein de la nation algérienne.

Quand Israël s'en mêle

Par ailleurs, les Algériens n'ont pas du tout apprécié la venue en Août 2021 au Maroc du ministre israélien des Affaires étrangères, M. Yaïr Lapid,  qui s'est permis de formuler des critiques à l'encontre de l’Algérie, alors qu'il effectuait une visite "historique" au Maroc dans le cadre de la normalisation des relations entre les deux pays.

La principale critique d'Israël est d'accuser l’Algérie de se rapprocher de l’Iran. Ce qui est faux mais laisse présager le début d'un discours géopolitique, ou une menace à l'encontre de l'Algérie. Un discours qui sera alors repris en chœur par les pays soutiens de l'Etat sioniste et qui pourrait déboucher sur un embargo ou un isolement de l'Algérie.

M. Yaïr Lapid avait exprimé ses "inquiétudes au sujet du rôle joué par l'Algérie dans la région, avec la campagne qu'elle a menée contre l'admission d'Israël en tant que membre observateur de l'Union africaine. Ce qui compte, ce sont les très bonnes relations entre Israël et le Maroc. Israël et le Maroc sont une partie importante d'un axe pragmatique et positif dans la région face à un axe qui va en sens inverse et qui inclut l'Iran et l'Algérie".

Un tableau très sombre se dessine

Les prochains mois risquent d'être très compliqués pour les choix stratégiques à adopter par le président Tebboune et son équipe.

Les dirigeants marocains agressent en coulisses l'Algérie sur plusieurs fronts et jouent aux innocents sur la scène publique. Les peuples frères vont êtes pris en étau dans une tension qui risque fort de déboucher sur un conflit armé sanglant.

Les Marocains réclameront alors l'aide de leur nouvel ami, Israël, qui ne se fera pas prier pour utiliser tous ses moyens de pression contre l'Algérie: que ce soit les pressions internationales, les embargos économiques ou leur force armée.

L'Algérie a donc été prévenue par ces gouvernements malfaisants du sort qu'on lui réserve. Nous pouvons deviner aisément que l'Union Européenne et les USA prendront fait et cause pour le duo Maroc-Israël, rendant les adversaires bien trop puissants pour l'Algérie seule.

L'Algérie n'aura alors que peu de partenaires pour venir l'épauler; la Chine, la Russie et l'Iran. Aucun pays arabe en somme... Les diasporas marocaines et algériennes seront prises en otage par les pays occidentaux hostiles à l'égard de leur terre natale.

Il faut prendre en compte le fait que l'Algérie est très dépendante des importations étrangères. L'autosuffisance alimentaire n'est toujours pas atteinte ce qui rendrait tout embargo économique particulièrement dangereux et néfaste.

Enfin n'oublions pas que l'Algérie est sans cesse agressée de l'intérieur par des mouvements indépendantistes qui n'hésitent pas à prôner la désunion et critiquer sans cesse le gouvernement algérien. Pourtant, depuis que l'Algérie est indépendante, le pouvoir politique n'a jamais eu autant besoin du soutien de son peuple... Des temps difficiles nous attendent.

Auteur :
Mis en ligne : Mercredi 25 Août 2021
 
Dans la même thématique