Présidentielles, tout le monde tire à boulets rouges sur le Maghreb

Sondage Fiducial pour LCI
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Pour le journal britannique The Guardians, le président français Emmanuel Macron s'acharne sur tous les voyageurs algériens en réduisant drastiquement la délivrance des visas. Le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur de France pour des pourparlers en "protestation formelle" contre la décision de la France de réduire fortement le nombre de visas accordés aux ressortissants algériens.

L'Algérie a qualifié la réduction des visas d'"acte malheureux" qui a semé la confusion. Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a déclaré aux journalistes à Rabat que la décision était injustifiée et "ne reflète pas la réalité de la coopération consulaire dans la lutte contre la migration irrégulière".

Le président Macron a peur de ne pas être réélu

Les partis politiques d'opposition français accusaient dernièrement Emmanuel Macron d'avoir utilisé la querelle entre la France et l’Algérie pour courtiser les électeurs de droite. A présent, la réduction des visas semble confirmer la stratégie de Macron.

Le gouvernement français a annoncé cette semaine qu'il réduirait considérablement le nombre de visas accordés aux personnes originaires d'Algérie, du Maroc et de Tunisie, trois pays d'Afrique du Nord qui, faisaient tous partie de l'ancien empire colonial français et qui comptent parmi leurs populations de nombreuses personnes ayant des liens familiaux étroits en France.

Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a déclaré que la décision de limiter les visas était "une décision drastique et sans précédent", arguant qu'elle était nécessaire parce que ces pays ne faisaient pas assez pour reprendre les migrants expulsés de France. Il a déclaré à la radio Europe 1: "Ces pays refusent de reprendre des ressortissants que nous ne voulons pas ou ne pouvons pas garder en France."

Attal a déclaré que l'Algérie, le Maroc et la Tunisie avaient récemment refusé de fournir des documents consulaires à leurs citoyens expulsés de France après leur arrivée illégale. Il a ajouté que la France tentait de parvenir à une solution diplomatique depuis plusieurs années depuis qu'elle a adopté une loi sur l'immigration plus stricte en 2018, avec des discussions au niveau ministériel. Donc, comprenez que comme par hasard, au même moment, ces trois pays n'ont pas fourni à la France des documents administratifs, ce qui justifie donc ces mesures extrêmes! Ce gouvernement Macron aura vraiment tout fait.

Attal a ajouté: "Il y a eu un dialogue, puis il y a eu des menaces, et aujourd'hui nous mettons ces menaces à exécution. Nous espérons que la réponse sera plus de coopération avec la France afin que nous puissions appliquer nos règles d'immigration.". Après des menaces qu'on exécute, quoi de plus normal de s'attendre par la suite à plus de collaboration?

Le gouvernement français prévoit de réduire de moitié le nombre de visas accordés aux Algériens et aux Marocains et de réduire d'un tiers le nombre de visas accordés aux Tunisiens. Si vous ne le savez pas, un visa en France c'est l'autorisation de rester sur le territoire 90 jours seulement. Cela sert donc aux familles à se rendre visite mais sûrement pas à favoriser une "immigration massive et incontrôlée" (horrible slogan du R.N.) de Maghrébins qui désireraient s'installer en France. Réduire de moitié, c'est passer d'une autorisation de 12000 Algériens par an qui passent du temps en France à seulement 6000. Imaginez, sur 43 millions d’Algériens, environ 6000 auront le droit de faire de courts séjours en France. Rappelons à titre d'exemple le cas du petit Wassim qui n'a pas pu voir ses deux parents faute de délivrance de visas. C'est ce genre de situation inhumaine que les Français désirent?

Pourtant, une étude réalisée pour "Le Monde" ce mois-ci a révélé que l'immigration se classait au cinquième rang des préoccupations majeures des électeurs français, loin derrière d'autres questions telles que la santé, l'environnement, la protection sociale et comment joindre les deux bouts.

Eric Zemmour
Eric Zemmour

Réactions des rivaux politiques à Macron

L'immigration provenant du Maghreb domine actuellement le débat politique dans les médias. Pourtant, les migrants en France ne viennent plus vraiment du Maghreb... C'est donc une éternelle manipulation du public français, tout comme le fait de parler de visas alors que ces derniers n'entrent pas dans le cadre de l'immigration puisque réservés à des autorisations de courts séjours sur le territoire...

Alors que la droite et l'extrême droite se bousculent pour le temps d'antenne avant que la liste finale des candidats à la présidentielle ne soit connue, la décision du gouvernement sur les visas a été annoncée le jour-même où la candidate d'extrême droite à la présidentielle Marine Le Pen a déclaré qu'elle convoquerait un référendum proposant des limites drastiques à l'immigration si elle était élue.

Marlène Schiappa, la ministre de la Citoyenneté, lorsqu'on lui a demandé si le gouvernement courait après Le Pen, a déclaré : "Nous ne fixons pas notre agenda en fonction de Marine Le Pen... Nous faisons des annonces quand nous sommes prêts."

Des politiciens français de droite et d'extrême droite ont accusé le centriste Emmanuel Macron, qui devrait se représenter en avril, d'avoir tenté de faire des gestes brusques et durs sur l'immigration pour courtiser les électeurs de droite.

"Pourquoi [faire ça] soudainement à l'approche d'une élection présidentielle ?" a demandé Aurélien Pradié, député du Lot pour la droite Les Républicains, affirmant que le gouvernement s'efforçait de montrer à la hâte "un peu plus d'autorité". Pauvre Monsieur Pradié... Votre gouvernement ne montre pas plus d'autorité, il est juste un peu plus ridicule chaque jour. Le parti traditionnel de droite, Les Républicains, n'a pas encore choisi de candidat à l'élection présidentielle d'avril, mais ceux qui veulent se présenter durcissent leurs lignes à l'égard des étrangers entrant en France. L'ancien négociateur du Brexit Michel Barnier, par exemple, a appelé à un moratoire sur l'immigration.

Le spécialiste de la télévision d'extrême droite Éric Zemmour, qui brigue le mandat présidentiel, a profité d'une tournée de promotion de son livre et d'apparitions à la télévision pour aller beaucoup plus loin que Le Pen en affirmant que la France deviendrait une "république islamique" d'ici un siècle si elle ne sévissait pas contre l'immigration. Ben Voyons! Rien que ça.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré que les opinions de Zemmour étaient "honteuses" et stigmatisaient les musulmans de France, qui, selon lui, ont servi la nation, notamment dans la fonction publique et dans l'armée. C'est bien, Monsieur Darmanin, mais alors pourquoi votre sacro-saint chef recopie leurs idées et leurs propos? Les actes du gouvernement Macron, nous l’appellerons ainsi, parlent plus que les mots.

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Mis en ligne : Samedi 9 Octobre 2021
 
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