Selon l'UNESCO, les femmes représentent moins de 30% des chercheurs dans le monde. De plus, leurs confrères masculins semblent faire leur possible pour les dévaloriser. Par exemple, parmi l'équipe de 200 scientifiques de Horizon Telescope qui a publié une photo d'un trou noir, se trouvait une femme, Katie Bouman. Celle-ci a eu droit à des critiques de la part de ses détracteurs qui ont dévalorisé la jeune femme, dénonçant la "fraude" Bouman! La fraude consistait selon ces critiques masculins à ce que la jeune femme se serait appropriée le mérite de ses collègues masculins.
Nombreuses sont les femmes impliquées dans des grandes découvertes scientifiques, mais très rares sont celles qui obtiennent une vraie reconnaissance. Dans les domaines comme les mathématiques, l’ingénierie et les sciences elles sont moins payées pour leurs travaux de recherche que les hommes. Elles publient également moins et leur carrière ne progresse pas aussi rapidement que celles de leurs homologues masculins.
Marie Curie
Si de nombreuses femmes scientifiques se sont pourtant illustrées au fil de l’histoire, à l’instar de Marie Curie, physicienne et chimiste de génie, titulaire de deux prix Nobel, beaucoup également sont restées dans l’ombre, voire ont été oubliées par l’histoire. Et ce, à toutes les époques.
Très probablement la plus ancienne de ces scientifiques, l'Egyptienne Peseshet est considérée comme la première femme médecin au monde. Cette femme qui aurait vécu en -2 700, était désignée comme le "superviseur des doctoresses". Pour les scientifiques, il ne fait aucun doute que les femmes de sciences occupaient déjà une place de choix dans l’Égypte antique.
Malheureusement, cette place ne restera pas et, bien vite, les femmes auront du mal à faire entendre leur voix au milieu des cercles scientifiques très masculins. Pire, nombreuses se feront voler leurs recherches par des hommes, sans jamais en récolter les fruits.
Des scientifiques volées
Nettie Maria Stevens
Ce fut ce qui arriva à Nettie Maria Stevens, une généticienne américaine née en 1861. En 1905, elle découvre le rôle des chromosomes X et Y et, par la même occasion, la manière dont le sexe d’un enfant est déterminé. Mais cette découverte reste sous silence car contraire à la doctrine enseignée à l'époque.
En 1933, Thomas Hunt Morgan, son directeur de Thèse, reçoit le prix Nobel de médecine pour cette découverte génétique, 21 ans après la mort de Nettie Maria Stevens.
Rosalind Franklin
La biologiste moléculaire Rosalind Franklin fut à l’origine de la découverte de la structure de l’ADN grâce à la radiographie aux rayons X. Sa découverte lui fut pourtant volée par deux hommes, James Dewey Watson et Francis Crick qui se procureront les clichés de ses recherches. Ils publieront lesdits clichés dans la revue Nature, sans créditer la jeune scientifique. Cette "découverte" leur vaudra le prix Nobel de médecine en 1962. La bioligiste, elle, reçut le prix Louisa-Gross-Horwitz à titre posthume.
Lise Meitner
Autre femme spoliée de ses travaux, Lise Meitner a découvert en 1938 la fission nucléaire, un processus qui sera pourtant attribué pendant de nombreuses années à deux hommes : Otto Hahn et Fritz Strassmann, ses associés. En 1923, déjà, elle découvre la transition non-radiative qui sera nommée "Effet Auger", du nom de l’homme qui fera la même découverte, deux ans plus tard… Lise Meitner meurt en 1968 et recevra malgré tout de nombreux hommages post mortem : deux cratères (un sur la Lune et un sur Venus) sont nommés en son honneur et un élément chimique est nommé en 1997 meitnerium en sa mémoire.
Une reconnaissance tardive
Ada Lovelace
Comme Lise Meitner, d’autres femmes scientifiques ne sont sorties de l’ombre qu’après leur mort, Ada Lovelace notamment, fut en 1940 l’auteur du premier code informatique de l’histoire. Ses travaux furent exhumés avec la popularisation de l’informatique, depuis de nombreux hommages lui ont été rendus : un langage de programmation porte son prénom et on peut voir son portrait sur les hologrammes d’authentification des produits Microsoft.
Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson
La mise en lumière des femmes scientifiques, s’est également fait à travers l’industrie du divertissement, ce fut le cas pour Katherine Johnson, Dorothy Vaughan et Mary Jackson, trois calculatrices afro-américaines ayant grandement contribué au développement de la NASA, en calculant entre autres les trajectoires de la mission Apollo 11. Ces trois femmes d’exception furent à l’honneur dans le livre Hidden Figures de Margot Lee Shetterly puis dans un film du même nom (Les figures de l’ombre en français), sorti en 2016. Mais mêmes si ces femmes d’exception sont de plus en plus médiatisées, le milieu reste difficile pour la gent féminine. Les femmes sont sous représentées et comme l’illustre la mésaventure de Katie Bauman, nombreux sont ceux qui refusent que des femmes scientifiques soient mises en avant. Pour combattre cette situation, plusieurs associations se sont développées.
"Notre association fut créée en 2000, à la suite d’une diminution de l’intérêt pour les études scientifiques dans les pays occidentaux en général et chez les filles en particulier", explique Sylvaine Turck-Chièze, astrophysicienne française et présidente honoraire de l’association Femmes & Sciences. Cette dernière commence à observer une évolution.