Afrique de l'Ouest, berceau des empires de l'Afrique sub-saharienne

Statue africaine
Statue africaine

Ce vaste territoire aride de l’Afrique subsaharienne occidentale occupe un cinquième de la superficie totale du continent. Morcelée et éprouvée par la colonisation au XIXe et au début du XXe siècle, la région doit faire face à de nombreux défis. En 1975, les États de l’Afrique de l’Ouest se sont organisés autour de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest – la Cédéao. L’organisation est rapidement devenue aussi une force d’interposition et d’intervention dans de nombreux conflits ouest-africains. En dehors des transitions démocratiques compliquées de certains États, la région est aussi de plus en plus confrontée à l’émergence de différents groupes djihadistes.

Depuis début janvier 2020, de nouvelles mesures sécuritaires ont été prises pour éviter les attaques dans la région du sud-ouest du Niger à Tillabéry, comme la fermeture des marchés ou encore l’interdiction pour les motos de circuler.

Ce samedi, le ministère nigérien de la Défense annonçait que 120 combattants avaient été neutralisés par les forces de Barkhane dans la zone frontalière avec le Mali.
En 2011, la chute du régime de Mouammar Kadhafi en Libye entraîne une véritable dispersion d’armes dans la zone : les combattants touareg engagés par l’ancien chef d’Etat libyen rentrent chez eux, emportant munitions et armements. Les populations touaregs, revendiquant plus d’autonomie, attaquent l’armée malienne. Celle-ci, jugeant le pouvoir de Bamako inefficace, renverse le gouvernement d’Amadou Toumani Touré.

Aux combattants touaregs s’ajoutent alors Ansar Dine, un groupe islamiste radical. Ceux-ci imposent la Sharia aux populations occupées et, fin juin 2012, détruisent les mausolées soufis de Tombouctou, classés au Patrimoine mondial de l'Unesco. Quelques semaines plus tard, la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lance un processus de dialogue avec les groupes rebelles mais décide également d’intervenir militairement pour aider le Mali à reconquérir son territoire.

Les tensions interethniques, terreau fertile

Au Mali, les trois principales ethnies sont les Peuls, les Dogons et les Bambaras. Les Peuls sont des éleveurs, se déplaçant au rythme des transhumances. Mais le réchauffement climatique a des conséquences dramatiques dans ces pays fragilisés par l’avancée du désert : les terres cultivables sont rares et précieuses. Les Dogons accusent les troupeaux peuls de détruire les terres et les cultures et de nombreuses violences d’origines ethniques sont signalées. Depuis l’insurrection djihadiste en 2012, la situation ne fait que s’aggraver.
En effet, l’ethnie peule est la plus représentée dans les rangs des milices djihadistes. Ce constat s’explique par le fait que cette population, nomade, vit isolée en milieu rural. Sourd à ses revendications, l’Etat est absent dans ces villages. S’ajoute à ce sentiment d’ostracisation la faible scolarisation des populations. Les communautés nomades craignent de voir leur identité disparaître, du fait de leur mode de vie fragilisé, au contact d’une scolarisation "normalisée". Les écoles coraniques sont alors la seule source d’accès au savoir.

Malinkées
Malinkées
Tribu africaine dans une forêt
Tribu africaine dans une forêt

C’est dans ce type d’établissement que le prédicateur Amadou Koufa a recruté de nombreux jeunes dans la Katiba du Macina, groupuscule djihadiste allié à Ansar Dine. En catalysant les frustrations des jeunes de sa région, Koufa les a réutilisés pour son projet djihadiste.

S’enrôler pour se protéger

Les jeunes, plus facilement manipulables, sont la proie des prédicateurs. Ils sont confrontés à des situations socio-économiques bien concrètes, connues des chefs de groupes terroristes.
Dans certaines régions où les populations sont précaires, les perspectives d’avenir sont minces et les jeunes sont frustrés. Les groupes armés promettent des milliers de francs CFA, des motos ou des armes, mais aussi un avenir meilleur et l’assurance d’être protégé et nourri. Ils se font passer pour des groupes de défense contre les vols de bétail ou encore pour des associations pouvant aider les jeunes à rejoindre l’Europe.
Les djihadistes font parfois de meilleurs sociologues que l’Etat face aux situations socio-économiques des populations, analysant leurs griefs pour mieux les instrumentaliser.

Une fois enrôlés, les jeunes sont pris au piège et certains subissent menaces et pressions. Contrairement à ce que les états-majors des armées occidentales et sahéliennes prétendent, tous les djihadistes n’ont pas voulu le devenir. Un rapport de l’ONG International Crisis Group à propos du conflit au Mali démontre que "tous les membres ne sont pas enrôlés de plein gré […] les dirigeants djihadistes forcent parfois les familles à y inscrire leurs enfants".

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Mis en ligne : Dimanche 24 Mai 2020
 
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