La Triade d'Elephantine, le dieu Khnoum

La Triade d'Eléphantine - divinités Khnoum, Satis et leur fille Anuqet
La Triade d'Eléphantine - divinités Khnoum, Satis et leur fille Anuqet

Vous connaissez probablement Amon-Ra (selon l'égyptologue Zahi Hawass, il faudrait plutôt prononcer le Ra La. En ancien égyptien, la lettre R est parfois remplacée par la lettre L) le dieu* du Soleil, l'histoire tragique d'Isis et d'Osiris ... Thot le dieu de la sagesse mais aussi les vicissitudes du courageux Horus.

Mais avant ceux-ci, pendant la période prédynastique, d'autres dieux égyptiens faisaient partie des hautes hiérarchies de la religion locale, dont beaucoup étaient représentés comme des triades composées du père, de la mère et de l'enfant !

Parmi les triades remarquables, la triade d'Eléphantine.

Nota : Lorsque nous écrivons le dieu (avec un petit d), cela désigne une divinité de l'Antiquité, par opposition au Dieu (avec un grand D) des croyants. Distinction importante, par respect pour les croyants qui ne tolèrent pas qu'on les confondent avec des impies.

Triade d'Éléphantine et Khnoum

Elephantine est une île au sud du Nil. La Triade était composée de trois divinités puissantes et hautement vénérées, en particulier dans ce qui est aujourd'hui la ville d'Esna.

Khnoum est l'ancêtre des dieux égyptiens, accompagné de sa partenaire Setis ou Satis et de sa fille Anuqet. Tous les trois étaient adorés et en même temps redoutés.

Khnum, le chef des dieux égyptiens

Cette première entité de la mythologie égyptienne était aussi appelée Netjeru (particulièrement vénérée à Assouan, Abu). Il avait un corps humain et un visage d'animal, le bélier, avec des cornes en tire-bouchon typiques.

C'est parce que l'animal représentait la fécondité pour les habitants de Khem, l'ancienne Egypte, identifiant le dieu comme celui qui crée la vie à travers le Nil, qu'il avait la forme d'un bélier. Il n'est donc pas étonnant que l'un des temples qui lui soit dédié s'appelât "Joie de vivre".

Représentation du dieu Khnoum
Représentation du dieu Khnoum

Il était important de vénérer le dieu créateur du Nil

Selon le mythe, à une époque, les gens accordaient de moins en moins d'intérêt au dieu, ils ne le remerciaient plus par les offrandes et ne pratiquaient plus le culte, devenant insensibles aux bienfaits offerts par leur dieu !

Pour se venger, Khnoum provoqua alors une famine pendant 7 ans. Mais un prêtre dévoué au dieu Thot, avait compris que Khnoum avait été offensé et que, par conséquent, la destruction du peuple était imminente. Il alla en parler au pharaon en lui demandant de faire une offrande pour racheter les péchés du peuple.

Pour arrêter la punition, Djoser - pharaon de la IIIe dynastie, décédé en 2660 avant JC - qui représentait le peuple, a demandé pardon pour les péchés commis, en donnant au dieu des terres, des offrandes et bien plus encore.

Une fois la colère de l'entité divine apaisée, la famine cessa et la vie revint pour resurgir le long des rives du Nil ; Khnoum avait rendu la terre fertile avec une inondation complète mais... jamais hostile.

À travers cette légende, transmise de pharaon en pharaon, notamment par l'un des plus puissants de l'époque, qui s'appelait Khum-Khufuweii qui est littéralement traduit par "Khnum me protège" et que nous connaissons sous le nom de Kheops, nous comprenons qu'il est du devoir de l'humanité d'accorder de l'intérêt au dieu créateur du Nil.

Déesse Satis
Déesse Satis

Satis, la femme de Khnum

Parmi ces dieux égyptiens, un deuxième personnage tout aussi important se démarque: la compagne de Khnum, Satis.

C'était une déesse guerrière - parfois associée à l'œil de Ra - représentée comme une femme avec une robe moulante et une haute couronne blanche symbole de la haute Égypte mais avec deux cornes de gazelle et parfois le visage d'un animal.

Le dieu Atoum était amoureux de Satis

Satis, littéralement, est traduit par "éjaculation"; il existe un mythe d'après lequel le dieu Atum (également orthographié Atoum) fut tellement amoureux de la déesse que le débordement du Nil était associé au fait que le dieu se laissait déborder par ses sensations dans ces moments-là...

Au-delà de ce lien présumé, nous savons avec certitude que Satis était vénérée comme la déesse de la guerre, puisqu'elle était souvent représentée avec un arc et une flèche, mais aussi (paradoxalement) de l'amour et de la fertilité.

Deesse Anuqet à g., avec une couronne de plumes
Deesse Anuqet à g., avec une couronne de plumes

Anuqet, fille des dieux

Anuqet ayant hérité des qualités de ses deux parents, était la déesse du Nil et de la fertilité.

Imaginée par le peuple comme une femme avec une robe moulante et une couronne semblable à celle de la reine Néfertiti (épouse du pharaon Akhenaton) mais avec l'ajout de plumes, elle n'a pas de cornes de gazelle, ni celles du bélier, contrairement à la déesse Satis et au dieu Khnoum.

Anuqet est la fille de ces derniers. On sait peu de choses sur cette déesse, hormis le fait qu'elle soit représentée dans des bas-reliefs funéraires avec Taueret, une autre déesse de l'Égypte ancienne, et ensemble, elles symbolisaient les déserts du Sud.

La figure d'Anuqet était respectée et recevait d'ailleurs toutes sortes d'offrandes - nourriture, encens, bijoux en pierres précieuses et en métaux précieux tels que l'or et l'argent, ainsi que des épices parfumées. Et un temple lui était dédié sur l'actuelle île de Sehel.

La Triade d'Eléphantine est une triade parmi d'autres

Ce n'est qu'une des triades de dieux égyptiens vénérés dans la mythologie de l'Égypte ancienne; il y en a beaucoup d'autres. Certains d'entre eux représentent toujours celui d'Elephantine mais sous d'autres réinterprétations (qui dépendent beaucoup du lieu d'appartenance), alors que d'autres prennent des significations complètement différentes.

A propos des bas-reliefs du Temple d'Esna : on voit souvent sur les temples d'Elephantine, un pharaon apporter des offrandes aux dieux : des fleurs du Nil, ce qui ne pose pas de problème de compréhension, et des oiseaux, ce qui est étonnant. Pourquoi ? Probablement parce que pour les anciens Égyptiens, l'arrivée de ces oiseaux migrateurs réaffirmait leur croyance en la renaissance cyclique de l'univers : ils arrivaient lorsque la vie réapparaissait. Les anciens Egyptiens ont donc transformé les oiseaux en symboles puissants de vie et de protection. D'ailleurs, les anges n'ont-ils pas des ailes ?

Ailes d'Isis. Egypte antique
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Mis en ligne : Mercredi 11 Décembre 2019
 
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