
L’huile de coco connaît un véritable essor. En plus d’être vantée pour ses pseudo propriétés nutritionnelles et cosmétiques, cette huile exotique est également proposée comme une alternative à l’huile de palme, mais elle n'est pas sans inconvénients.
La bonne nouvelle, d’abord : nous n’avons pas besoin d’huiles végétales venues des tropiques. Il pousse suffisamment de plantes oléagineuses endémiques en Europe comme l’olive, le colza et le tournesol. Acheter des aliments locaux permet non seulement d’éviter des méthodes de culture douteuses mais aussi des milliers de kilomètres de transport à travers le monde.
Comme les palmiers à huile, les cocotiers poussent dans les tropiques humides. Pour s’épanouir, ils ont besoin de températures élevées et de précipitations toute l’année. Les régions dans lesquelles règnent ces conditions sont naturellement recouvertes de forêts tropicales. Il s’agit donc de pays dans lesquels les forêts tropicales sont déboisées, la corruption répandue et les droits humains bafoués.
La culture de cocotiers exige des terres et sa production en grandes quantités requiert des surfaces de taille équivalente. Un seul cocotier fournit chaque année entre 10 et 20 kg de coprah (albumen séché de la noix de coco duquel est extraite l’huile de coco)… Or les surfaces cultivées de cocotiers représentent actuellement 12 millions d’hectares (presque autant que la Grèce). La récolte s’élève à près de 55 millions de tonnes de noix de coco par an. La production de coprah se situe quant à elle autour de 5 millions de tonnes et la production d’huile de coco à 3,5 millions de tonnes par an (à titre de comparaison : 65 millions de tonnes d’huile de palme en 2016).
La culture des cocotiers produit de la pauvreté
Jusqu’ici, la culture de la noix de coco a été dominée par les petits agriculteurs et une grande partie de la récolte était consommée localement, sans être incluse dans des statistiques commerciales. Le prix de la noix de coco et des produits à base de noix de coco dépend du marché mondial, déterminé par les groupes de la grande distribution et leurs clients. Les agriculteurs en font les frais et ne peuvent échapper à la pauvreté avec la culture des cocotiers. Dans les plantations de cocotiers appartenant à ces sociétés, le travail est accompli par des ouvriers journaliers dans des conditions souvent inhumaines.
Ces dernières années, le développement des plantations de cocotiers a été éclipsé par l’huile de palme. Un grand nombre de ces plantations remontent à l’époque coloniale et sont considérées comme dépassées. La demande en graisse de coco étant en forte croissance, ce négoce est toujours plus attractif pour les entreprises de plantations.
En soi, l’huile de coco et les cocotiers ne sont ni bons ni mauvais. Le problème réside dans l’énorme demande en huiles et graisses végétales peu coûteuses sur le marché mondial. Les vastes quantités requises par l’industrie sont produites à un coût minime sur d’énormes monocultures industrielles et dans des conditions de travail abusives.
Alors que de plus en plus d’entreprises abandonnent d’huile de palme pour l’huile de coco, les problèmes qui s’ensuivent ressemblent de très près à ceux causés par l’industrie de l’huile de palme : accaparement des terres, déboisements au profit de nouvelles plantations et destruction de la biodiversité.