L'histoire de l'Algérie est très ancienne et commence avec l'émergence de la civilisation numide puis punique, et s'enrichit des cultures et des langues des peuples qui y ont séjourné. Nous retraçons dans les grandes lignes l'Histoire d'un pays fascinant aux paysages contrastés avec son vaste désert au sud et ses villes méditerranéennes au nord.
Préhistoire
L'Algérie a été peuplée dès la préhistoire. Dans les sédiments du lac préhistorique Ternifine aux environs d'Oran, on a retrouvé des ossements et des outils d'homme primitif vieux de 400 000 ans ! A l'époque du paléolithique inférieur, l'Algérie, qui devait ressembler à une savane tropicale, était peuplée d'éléphants, de girafes et de phacochères...
Vers 7000 ans avant notre ère, un genre d'Homo Sapiens appelé "Capsien" est apparu dans le sud constantinois et a fini par peupler l'ensemble du Maghreb ; on considère les Capsiens comme les ancêtres des Numides. Les plus beaux vestiges du Néolithique - période où émergea l'art de tailler les pierres - sont situés au Sahara : Au Tassili-N'Ajjers et au Tassili du Hoggar, on peut admirer de magnifiques peintures rupestres et des pierres taillées en forme de gazelles et de bovidés. Les habitants de ces régions, les Touaregs, ont conservé dans leurs traditions la mémoire de la culture numide.
Antiquité algérienne (du 3e siècle avant J-C. au 5e siècle de notre ère)
Les Numides, ancêtres des Algériens
Au début de son histoire, vers le 3e siècle avant notre ère, l'Algérie était peuplée par les Numides, un peuple berbère et nomade. L'Algérie s'appelait alors la Numidie et avait pour capitale Cirta (aujourd'hui Constantine à l'est du pays). A quelques kilomètres de Cirta, dans la petite citée antique de Teddis, on a retrouvé des poteries propres à l'artisanat numide, et des dolmens, anciennes sépultures en pierre.
Les Phéniciens, qui naviguaient souvent en Méditerranée africaine pour le commerce, décidèrent de créer des comptoirs le long de la côte algérienne. Pour ce faire, ils nouèrent des relations commerciales pacifiques avec les rois numides. Cette approche a été judicieuse, car ils purent ainsi créer des comptoirs avec la bénédiction des rois numides ! Parmi ces comptoirs, on peut citer de l'est à l'ouest : Annaba, Skikda, Collo, Jijel, Bejaïa, Dellys, Alger, Tipaza, Cherchell, Ténès, Ghazaouet ... qui sont aujourd'hui des villes algériennes importantes.
Les Phéniciens ont eu beaucoup d'influence sur les Numides. La civilisation punique est issue d'un métissage culturel entre les civilisations numide et phénicienne. A partir de cette époque, la langue numide, qui était essentiellement amazighe (berbère) s'est enrichie de l'araméen.
Massinissa, roi numide
Le plus célèbre des rois numides est Massinissa. Celui-ci s'attela à unifier la Numidie qui comptaient plusieurs royaumes. Il favorisa aussi la sédentarisation des pasteurs nomades qui devinrent cultivateurs et créa des bourgs pour urbaniser le royaume. Fasciné par la culture grecque antique, il inculqua aux agriculteurs le culte de Déméter, déesse des moissons et de l'agriculture. Les cultes grecs anciens ont longtemps été pratiqués par les ancêtres des Algériens, surtout sur le littoral.
La période romaine
La conquête romaine en Numidie se heurta à la résistance de rois numides comme Jugurtha et Tacfarinas. Mais après leur mort, les Romains s'emparèrent des grandes cités puniques : Hippone (Annaba), Cuicul (Djemila), Thevesli (Tébessa), Tipaza, Siga, Ténès, Icosium (Alger), Portus Magnus (Béthioua à quelques kilomètres d'Oran)... Ils créèrent de nouvelles provinces, la "Maurétanie césarienne" à l'est et la "Maurétanie tingitane" à l'ouest. Les Romains poursuivirent l'urbanisation du pays et érigèrent leurs propres cités à l'architecture typique. D'ailleurs, Thamugadi (Timgad), ancienne cité romaine située près de Batna, a conservé des vestiges en excellent état car elle a été ensevelie par le sable du désert (photo ci-contre). A l'époque romaine, l'Algérie produisait en abondance céréales, huile d'olive, vin et gibier... Rome saura en tirer profit au point que l'Algérie sera surnommée "le grenier de Rome" !
Au contact des Romains, les Algériens ont enrichi leur vocabulaire de mots latins et se sont convertis au christianisme. Le plus célèbre des Berbères chrétiens est l'évêque Saint Augustin, penseur chrétien le plus lu au Moyen-Age.
Moyen-Age algérien (du 5e siècle au 13e siècle)
Les Vandales et les Byzantins
Au 5e siècle, les Vandales, un peuple barbare germanique, envahirent l'Afrique du Nord et détruisirent des édifices et des villes (Oran et Alger entre autres) après les avoir pillées. Ils s'établirent pendant des années en Numidie et à Carthage, certains y prirent même souche...
En 544 les Byzantins conquirent la majeure partie du pays. On sait peu de choses sur ce qu'a pu être leur influence culturelle et politique en Algérie, mais on sait qu'ils ont combattu les Omeyades (califes arabo-musulmans) aux côtés de la reine Kahena et des Zénètes, les ancêtres des Chaouis.
L'islam
En 647, lorsque les Arabes conquérants pénétrèrent pour la première fois au Maghreb pour y professer une nouvelle religion (l'islam), ils trouvèrent une province isolée et affaiblie. Ils n'eurent donc guère de mal à islamiser les populations, mais se heurtèrent tout de même à l'opposition de quelques tribus berbères comme celle de la reine des Aurès, la Kahena. Après que les habitants de la Numidie se soient majoritairement convertis à l'islam, plusieurs dynasties musulmanes se succédèrent en Algérie : Rustumides, Fatimides, Almoravides - surtout connus pour avoir édifié des grandes mosquées dont l'architecture est inspirée du style de Cordoue - et les redoutables Almohades, qui régnèrent pendant plus d'un siècle sur l'Afrique du Nord et sur une partie de l'Espagne (1147-1269). Mais à mesure que la reconquête de l'Espagne par les souverains catholiques avançait, le pouvoir des Almohades déclinait. Avec l'islamisation de l'Afrique du Nord, la langue arabe a été largement adoptée par les Nord-Africains, y compris par les Berbères qui "berbérisèrent" les mots et les expressions arabes.
La régence des Ottomans (du 16 au 19e siècle)
Alger, qui était en ruines depuis le passage des Vandales, était appelée Icosium par les Romains et Mezghana par les Berbères. Au 10e siècle, elle fut renommée El Djezaïr par le chef des tribus berbères des Beni Mezghana. El Djezaïr veut dire "Les Iles" et fait référence aux quatre îlots rocheux de la baie d'Alger*. C'est d'ailleurs de la ville d'Alger que l'Algérie tient son nom. En arabe, Algérie et Alger sont toutes deux appelées El Djezaïr ; pour distinguer le pays de sa capitale, on appelle cette dernière El Djezaïr el Assima , "el Assima" signifiant la capitale. Dès le 14e siècle, La Ville Blanche comme on la surnomme en allusion à la blancheur de ses édifices, accueillit les Arabes et les Juifs andalous, refoulés d'Espagne par les catholiques.
En 1514, Alger fut assiégée par les Espagnols qui occupèrent la ville pendant deux ans, jusqu'à l'arrivée des Ottomans qui les vainquirent. En échange de la protection de l'Empire ottoman, les princes algérois en devinrent les vassaux. C'est ainsi que commença la Régence d'Alger qui fit de l'Algérie une province de l'Empire ottoman, et qui le restera jusqu'à l'arrivée des Français en 1830. A la même époque, Alger devint la capitale de l'Algérie.
La célèbre citadelle qu'est la Casbah d'Alger, qui abrite le palais du Dey (régent turc), a été construite par les Ottomans.
D'où viennent les Juifs d'Algérie ?
La présence des Juifs en Algérie est très ancienne, comme en témoignent les stèles gravées en araméen datant de l'époque carthaginoise (IIIe siècle avant notre ère), qui ont été retrouvées en Afrique du Nord ; on pense que les Juifs y étaient arrivés avec les Phéniciens. D'autres sont arrivés en Algérie suite à la répression exercée par l'empereur romain Titus en Palestine après la destruction du Temple de Jérusalem en 70.
Sous le règne de Trajan, la violente insurrection des Juifs de Cyrénaïque est réprimée et les survivants sont déportés dans la province de Maurétanie à l'ouest de Constantine. La majorité des Juifs berbères sont originaires de Palestine.
Plusieurs milliers de Juifs sont arrivés d'Espagne en Algérie aux 14e et 15e siècles suite à la Reconquista.
La culture juive fait partie du patrimoine algérien, comme expliqué dans l'article consacré aux Juifs d'Algérie
L'Algérie a conservé dans sa langue, son architecture, ses traditions, sa musique et sa littérature, la mémoire des brassages culturels dont elle a été l'objet. Ces différentes influences culturelles ont forgé l'identité algérienne contemporaine.
> A suivre : De l'Algérie française à l'Algérie contemporaine.
* D'après l'encyclopédie Universalis.