Il était un roi bon, parmi les plus anciens de la terre, qui commandait avec justice et équité sur celle-ci. Une nuit qu'il était endormi, il entendit en rêve une voix qui lui disait :
"Lève-toi donc ô roi, et selle ton coursier ! Il te conduira jusqu'au sommet d'une montagne. Une fois là-bas, il s'engagera dans un passage où la terre a été remuée, où ses sabots, soudain, s'enfonceront. Arrête-toi en cet endroit et creuse: tu trouveras une dalle que tu soulèveras ; et dessous un escalier de trois cents marches s'enfonçant dans la terre, que tu descendras. Une fois descendu au bas de ces marches, loin au-dessous des pieds de ceux qui t'auront accompagné, tu veilleras à garder le silence. Tu saisiras une clé suspendue près d'une porte que tu ouvriras. Derrière se trouve un trésor comme jamais tu as osé en rêver. Une statue de cuivre, au milieu de la salle où tu pénétreras, veille sur lui. Ne t'effraie pas aux cris qu'elle poussera en te voyant entrer. Tu t'avanceras vers elle et tu t'empareras de l'anneau qu'elle porte au doigt. Dès que tu l'auras pris, le génie qui habite cette statue ne pourra plus rien contre toi. L'anneau possède trois vertus : si tu le mets dans ta bouche, les mâchoires bien serrées, tu deviendras invisible. Si tu le pose à tes pieds, le serviteur de l'anneau se présentera devant toi et accomplira tous tes souhaits. Si enfin, tu le passe au doigt, il te rendra invincible vis-à-vis de ceux qui fomenteraient à ton encontre.".
Le roi se réveilla perplexe. "Comment savoir si ce rêve vient du diable ou du Maître de Miséricorde?" se dit-il. Alors il procéda aux ablutions rituelles et récita deux fois ses prières. Puis, il regagna son lit, où il s'endormit rapidement. Mais voilà que la voix se fit de nouveau entendre. Le cœur étreint par l'inquiétude, il renouvela ses ablutions, se prosterna deux fois par terre puis retourna dormir. Mais à peine endormi, la voix se remit à lui parler, comme la première et la deuxième fois. Réveillé dans l'instant, il n'eût cette fois plus de doute : "Cette voix entendue en songe, se dit-il, vient du Maître de Miséricorde".
Alors il se leva et aux premières lueurs de l'aube, donna ordre aux cavaliers de son escorte de se préparer à le suivre en expédition, et fit seller son coursier. Quand tout fût prêt, la petite troupe se mit en route, guidée par le roi, suivi par ses trois fils.
Le chemin leur était tracé car le roi suivait précisément la route qui lui avait été indiquée en rêve. Arrivés au sommet de la montagne, le roi laissa aller son cheval dont les sabots se prirent dans un creux du sol instable. Le roi eût à peine le temps de sauter de sa selle que la malheureuse bête se mit à s'enfoncer dans le sol vaseux. Les gens de la suite royale se mirent à la dégager. Tous étaient intrigués. Ordre fut donné que l'on creusât là où la terre semblait avoir été remuée: jusqu'à ce qu'apparût une grande dalle. Le roi commanda aux terrassiers de soulever la dalle. Sous la pierre il y avait une cavité profonde dotée de marches qui s'enfonçaient dans l'obscurité. Le roi était résolu à descendre dans cette espèce de puits, mais ses officiers voulaient l'en dissuader. Face à la détermination du roi, ses deux fils aînés lui offrirent de l'accompagner. Ils essuyèrent un refus.
Alors le plus jeune fils du roi, appelé Ali Tchelebi, lui proposa son aide. Mais le roi ne voulût rien entendre. Saisi de chagrin, Ali Tchelebi alla s'asseoir un peu plus loin, en larmoyant car il craignait pour son père.
Ce dernier s'engagea dans l'escalier, compta trois cents marches et fit quelques pas en direction d'une porte fermée par une lourde serrure. Une clé était accrochée juste à son côté. Il la pris dans sa main...
Mystère, à suivre...
Fil de l'actualité