Les Houthis pourraient à nouveau être désignés comme terroristes

Al Mukalla, Yémen
Al Mukalla, Yémen

Ces dernières semaines, de nombreux responsables du gouvernement du Yemen et des experts occidentaux ont mis en garde les pays occidentaux à propos du "puissant et radical mouvement" Houthis soutenu par Téhéran. Ces mêmes voix s'agacent de la mollesse ou de la complaisance envers ces rebelles. Certains activistes américains affirment, sans donner de preuves, que l'arsenal militaire en possession des rebelles Houthis, incluraient des missiles balistiques à la pointe de la technologie et des drones à longue portée. Un armement qui serait, toujours selon les mêmes "experts" américains, utilisé par les Houthis pour tuer des civils yéménites et viser les pays voisins.

Gerald Feierstein, chercheur principal du Middle East Institute de Washington, fait partie de ces experts qui déplorent la tolérance occidentale envers les Houthis. Il a déclaré que l'administration Biden devrait envisager de désigner, à nouveau, les Houthis comme une organisation terroriste étrangère, car c'est la seule option disponible pour faire pression sur les rebelles afin qu'ils cessent les hostilités sur le terrain et se conforment aux initiatives de paix.

Gerald Feierstein, ancien ambassadeur des USA au Yemen, s'était pourtant jusqu'à présent opposé à désigner les Houthis comme "organisation terroriste". Il avait d'ailleurs fait partie des 100 signataires d'une lettre adressée à Mike Pompeo, secrétaire d'État américain de l'époque, afin de s'opposer à l'ajout des Houthis à la liste des terroristes internationaux. M. Feierstein explique son récent revirement ainsi: "En l'absence d'autres options viables pour faire pression sur les Houthis pour qu'ils abandonnent leur campagne militaire et recherchent une issue politique pacifique à la guerre, il serait imprudent de ne pas envisager l'utilisation éventuelle d'une désignation terroriste comme outil entre les mains de Washington.".

Le manque de couverture médiatique sérieuse des médias d'investigation internationaux laisse le champs libre aux acteurs sur place et aux activistes internationaux de donner leur version des événements qui se déroulent au Yémen. On ne sait pas vraiment si les Houthis sont si bien armés, et si ils sont réellement engagés dans une lutte armée. On sait donc encore moins pourquoi ils ne se conformeraient pas à une paix qu'ils ont pourtant signée en 2019. Et ce n'est pas les Américains qui expliqueront non plus pourquoi les Houthis seraient, selon eux, dans une phase d'action armée. Il est donc difficile d'apprécier le changement de cap de M. Feierstein. Par contre, sa récente intervention met en lumière, une nouvelle fois, l'hypocrisie des postures et des termes employés par les Occidentaux. Son aveu à propos de ces inscriptions d'associations ou d'organisations sur les listes dites "terroristes" n'est rien d'autre qu'un outil politique, un outil de chantage ou pire une carte blanche pour agir avec force, contre des personnes qui n'ont pas forcément une logique terroriste. Une liste qui devrait être renommée: "Liste des organisations qui gênent les intérêts américains et leurs alliés", cela serait bien plus adapté mais certes moins pompeux.

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Mis en ligne : Vendredi 18 Février 2022
 
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