L'assèchement des barrages en Jordanie est une catastrophe agricole

L'oued Karak, Jordanie
L'oued Karak, Jordanie

Dans la vallée du Jourdain, le spectre de la sécheresse hante les agriculteurs. Le niveau des eaux, au plus grand barrage du royaume de Jordanie, le barrage du Malek Talal, atteint des niveaux dangereusement bas.

Le barrage du Malek Talal est vital pour les agriculteurs

Le barrage permet l’irrigation de 80% des zones agricoles de la vallée, c'est dire son impact! Les craintes des agriculteurs sont d'autant plus justifiées que déjà six autres barrages en Jordanie ne reçoivent plus d'eau, ils sont tous asséchés, en raison de la rareté des eaux de pluie. De plus la demande en eau a augmenté en Jordanie du fait de l'augmentation de la population et notamment de la présence de réfugiés syriens. Les agriculteurs constatent également la lente mais inexorable modification du climat.

Mais à ces différents facteurs de crise, s'ajoute quelques erreurs administratives de la part du ministère de l'Eau et de l'Irrigation. En effet, pour que les barrages en arrivent à l'assèchement complet, il est évident que cela est dû à un manque de sérieux dans le suivi du niveau des eaux. De fait, les agriculteurs jordaniens ne peuvent que déplorer, en cette saison agricole de novembre, une forte diminution des quantités d'eau disponibles pour leurs irrigations par rapport aux années précédentes.

6 barrages taris en Jordanie

Le chef du Syndicat des agriculteurs de la vallée du Jourdain, Adnan Khaddam, a déclaré: "Six des 14 barrages en Jordanie sont asséchés désormais. Il s'agit des barrages nommés Al-Walaa’, Al-Moujib, Wadi Karak, Tannour, Wadi Shuaib et le Barrage de Zaqlab" qui sont répartis dans tout le Royaume et sont utilisés principalement pour irriguer les cultures agricoles.

Le 9 novembre 2021, le parlement jordanien a interpelé le gouvernement afin qu'il s'explique sur les causes de cette sécheresse et la gestion des barrages désormais inutilisables. Les parlementaires ont exigé que le gouvernement développe sa stratégie de l'eau lors d'une réunion spéciale qui comprenait le Comité de l'agriculture, de l'eau et de Badia, à la Chambre des représentants et des fonctionnaires du ministère de l'Eau et de l'Irrigation.

Le député Moussa Hantash, agriculteur et expert hydrique par ailleurs, a attribué la sécheresse au manque de précipitations l'hiver dernier. M. Hantash rappelle que le barrage de Malek Talal couvre 80% des besoins en eau des agriculteurs de la vallée du Jourdain. Leur besoin est évalué à un volume compris entre 400 000 et 550 000 mètres cubes par jour. Or la quantité disponible dans le barrage est de 19 millions de mètres cubes, dont 10 millions de mètres cubes de limon. Il en déduit que ce n'est qu'une question de temps avant que le barrage ne soit fatidiquement asséché.

Les agriculteurs ont blâmé le gouvernement jordanien: le chef du Syndicat des agriculteurs, Adnan Khaddam, a déclaré: "Le gouvernement est resté les bras croisés et n'a pas donné la priorité à ce dossier. Le changement climatique fait partie du problème. Mais la mauvaise gestion a également contribué au problème, en l'absence de tout projet ou plan stratégique pour faire face à cette sécheresse.".

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Mis en ligne : Mercredi 24 Novembre 2021
 
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