L'affaire a soulevé des torrents d'émotion en Egypte, où l'on ne comprend pas comment un jeune immigré russe a pu assassiner une Egyptienne de 32 ans en plein procès, dans un tribunal allemand placé sous la surveillance des policiers. Le 1er juillet 2009 en effet, un certain "Axel", 28 ans, a asséné plusieurs coups de poignard à un couple égyptien, devant leur jeune fils de 4 ans. Le mari a été grièvement blessé alors que l'épouse n'a pas survécu à ses blessures.
L'histoire a commencé en 2008, lorsque Marwa al Cherbini, jeune maman d'un petit garçon de 3 ans, décide de l'emmener jouer dans un parc de leur quartier. Son fils est intéressé par l'un des jeux (qui pourrait être une balançoire), mais il est occupé par un jeune homme d'environ 25-30 ans (allez seulement savoir pourquoi un homme de cet âge jouait au parc avec des jeux de gamins... Cela en dit long sur l'état de sa maturité psychologique !).
Alors que la jeune maman demande à l'homme s'il veut bien céder sa place à son enfant, celui-ci l'injurie en la traitant de "musulmane terroriste" et l'agresse en tirant sur son voile, pour tenter de le lui ôter. Marwa se rend alors au poste police pour déposer une plainte contre son agresseur.
L'affaire va jusqu'au jugement et Axel est condamné à verser une amende de 750 euros. Contestant la décision du tribunal, il interjette appel et l'affaire doit être de nouveau jugée le 1er juillet 2009. Nous ne connaissons pas les circonstances exactes du crime, ni son véritable mobile.
Mais il semblerait que la rencontre entre Marwa, qui a tenu à assister au procès et qui était accompagnée de son mari et de son garçon de 4 ans, ait très rapidement dégénéré en affrontements verbaux, pour finir par une violente agression.
L'agresseur, d'origine russe, est arrivé en Allemagne en 2003. Il est sans profession et n'appartient à aucun groupe idéologique ou politique, mais affirme avoir une profonde aversion pour l'islam. Le forcené, qui a asséné des coups de poignard mortels à la jeune femme et qui a grièvement blessé son mari lorsque ce dernier a tenté de la sauver, a finalement pu être maîtrisé par les policiers, mais trop tard. Les autorités allemandes ont reconnu avoir commis une faute de négligence, puisqu'elles n'ont pas soumis Axel à la fouille que doit subir toute personne qui entre dans un tribunal, pour s'assurer qu'elle ne porte pas d'armes. Au cours de l'affrontement, les policiers ont même tiré sur le mari de Marwa, le blessant au pied.
La petite famille, originaire d'Alexandrie, devait retourner au pays en août prochain. Marwa et sa famille étaient venus en Allemagne en 2005 dans le cadre d'une mission d'études organisée par le ministère de l'Enseignement supérieur pour quatre ans, qui devait se terminer en août 2009.
Selon le père de la victime, Marwa était une femme épanouie, cultivée et sportive, qui faisait partie de l'équipe nationale de handball. Marwa al Cherbini, qui portait le voile comme 90% des Egyptiennes, était loin d'être une représentante de l'extrémisme religieux musulman et aspirait à une vie tranquille. C'est notamment pour ces raisons que son meurtre soulève des sentiments comme la colère, la tristesse mais aussi la compassion, surtout lorsqu'on sait que la jeune mère attendait son deuxième enfant et que son garçonnet est sous le choc.
La presse et l'opinion égyptiennes s'étonnent que l'Etat allemand ne se soit exprimé que trois jours après le meurtre de Marwa et en déduisent que l'affaire le laisse plutôt indifférent. Visiblement, les Allemands n'ont pas su comment interpréter cet événement : s'agit-il d'un crime politique/islamophobe comme l'affirment une partie de la communauté musulmane allemande ou d'un meurtre crapuleux commis par une personne déséquilibrée ?
Cette affaire cause indéniablement de la gêne... Trois jours après l'incident donc, l'ambassadeur d'Allemagne du Caire, M. Bernd Erbel, après avoir manifesté son soutien à la famille de la victime, a condamné fermement "l'incident infâme" et rappelé que cet acte ne représentait pas l'opinion de la majorité du peuple allemand qui, a-t-il déclaré, aime et respecte profondément le peuple égyptien et croit en la liberté de culte.
Ce meurtre a tellement ému la communauté musulmane, que des milliers de gens ont organisé, dans une mosquée berlinoise, une prière pour le repos de l'âme de Marwa al Cherbini.
Décidément, les femmes musulmanes ne semblent en sécurité nulle part sur notre planète. Ni en terre d'islam où elles sont victimes d'actes misogynes de la part de fanatiques musulmans qui ne supportent pas de les voir participer à la vie publique, ni en terre non-musulmane, où elles peuvent être victimes de personnes qui expriment par des meurtres lâches leur aversion pour l'islam. Cependant, pour ce qui concerne la deuxième allégation, la conclusion est peut-être hâtive dans la mesure où ce type d'acte est isolé aujourd'hui. Espérons qu'il le reste...
Fil de l'actualité