Le film Plumes a remporté le prix d'Or au festival d'El Gouna

Film Feathers récompensé au festival El Gouna
Film Feathers récompensé au festival El Gouna

Le film "Feather" (Plumes en Français), réalisé par l’Egyptien Omar Al-Zuhairi, a remporté le prix El Gouna Gold Star du meilleur long métrage arabe. Le prix a été remis lors du festival du film d'El Gouna en Egypte, le festival du cinéma arabe, l'équivalent de la cérémonie des Césars à Cannes en France, pour les Occidentaux.

Il s'agissait de la cinquième édition du festival d'El Gouna, qui a pris fin le vendredi 22 octobre 2021.

Le fait marquant cette année concerne le film Plumes qui a déclenché une grande polémique avec de violents retentissements sur les réseaux sociaux, dans les médias et dans les plus hautes sphères politiques. Le scénario du film est complétement axé autour d'une famille égyptienne très pauvre, et la pauvreté affichée dans ce film a mis en colère un certain nombre d'acteurs, très fidèles au régime égyptien actuel, estimant que le film fait honte au pays et en donne une très mauvaise image.

Des artistes boycottent le film

La polémique est née dès la projection du film. Des acteurs et actrices égyptiennes se sont levés et ont quitté leur siège quelques minutes seulement après sa diffusion en salle, scandalisés par ce qu'ils venaient de voir. Parmi eux: Sherif Mounir, Yousra, Ashraf Abdel Baqi et Ahmed Rizk. Des journalistes ont rapporté les propos de certains d'entre eux ainsi: "Nous voulions protester contre ce film qui contribue à nuire à la réputation de l'Égypte, en présentant le pays de manière irréaliste".

"Feathers" raconte l'histoire burlesque d'un père transformé en poulet par un magicien peu habile. Le jour de l'anniversaire de son fils, ce dernier se montre bien incapable de redonner sa forme humaine au père de famille. La mère souffre alors grandement de la situation, tente misérablement de subvenir aux besoins de sa famille, en jouant le rôle du père et de la mère à la fois.

Les organisateurs d'El Gouna tentent d'apaiser les tensions

Les organisateurs du festival d'El Gouna ont décidé de rappeler certains éléments essentiels à garder en tête, afin de calmer les esprits échaudés. Ainsi, ils expliquent que les équipes sélectionnent les films en fonction de leur qualité artistique et cinématographique, uniquement selon les normes des festivals internationaux: "La sélection du film Plumes était conforme aux critères de sélection des films. Le film a remporté le Grand Prix de la Semaine Internationale de la Critique à Cannes. L'administration du festival a confirmé qu'aucun film n'était et ne sera projeté sans l'obtention d'un permis officiel. Nous confirmons que nous n’avions pas l’intention de créer de polémique, et nous contestons toute attaque de l'État égyptien dans tous les cas.".

Comprenez que les services de l'Etat ont validé la sélection de ce film, que des agents de l'administration l'ont probablement visionné avant, et que les organisateurs ne sélectionnent pas un film pour son éventuel potentiel polémique ou sa dimension politique.

La démission d'Amir Ramsès

On l'a appris récemment, les organisateurs du festival ont beau avoir clarifié les choses dans leur communiqué, Amir Ramsès démissionne de son poste de directeur artistique du festival.

Il a écrit un article d'adieux sur sa page officielle de Facebook, qui disait: "Je suis revenu au Caire, plein de sentiments forts pour un programme de films qui a été mis en place avec passion et amour. Cinq ans de travail sur le programme du Festival d'El Gouna se sont terminés avec ma démission hier, pour commencer un nouveau voyage... Je suis convaincu que je laisserai derrière moi une équipe capable de faire mieux.".

Puis il a envoyé un message à ses collègues disant: "Confrères et amis journalistes, je m'excuse d’être rentré dans les détails des raisons de ma démission, car elle m'appartient ainsi qu'à l'équipe de direction du festival, mais j’ai voulu éviter les rumeurs sur les raisons réelles qui m’ont poussées à démissionner. Merci pour toutes ces merveilleuses expériences, et je vous souhaite une merveilleuse fête de clôture.".

La fragilité de la nation égyptienne pousse beaucoup à être très vigilants, très critiques mais aussi à fleur de peau quand certains sujets sont évoqués dans la société. Les rapports homme-femme, la structure de la famille, l'image du pays à l’international, le patriotisme et la religion sont parmi les sujets les plus explosifs. Pour autant, nous ne pensons pas que ce film nécessitait la démission du directeur du festival et toute cette polémique

Rien dans le scénario n’est insultant pour l’Egypte. Des mères qui assument seules la responsabilité de leur famille, parce qu’elles y sont contraintes, est devenu quelque chose de banal! Et ce dans le monde entier. Et surtout, il ne s’agit pas d'un reportage ou d'un documentaire sur la vie réelle d'une famille pauvre en Egypte, mais d'une fiction de type humoristique.

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Mis en ligne : Dimanche 24 Octobre 2021
 
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