Hanada Taha: la vocation pour enseigner l'arabe littéraire!
Hanada Taha est une femme d’origine libanaise, professeur de langue arabe; elle est titulaire d’un master en psychologie pédagogique depuis 1997 et professeur d’arabe à l’Université depuis 2013 (à Bahreïn, puis aux Emirats arabes unis). Hanada Taha défend la langue arabe, contre vents et marées.
Une vraie vocation!
Hanada Taha a grandi au Liban, pendant la guerre, mais elle a compris très tôt l'importance de l'école pour acquérir des savoirs fondamentaux. Elle a été une élève brillante durant toute sa scolarité et a donc décroché son baccalauréat avec mention en arrivant première sur 50 élèves! Elle s’est inscrite, après avoir obtenu son baccalauréat, à l’Université Américaine de Beyrouth. Passionnée par la langue arabe, portée par de grands cinéastes et artistes, mais soucieuse de mieux comprendre les autres et la vie en général, son cœur balançait entre l’arabe littéraire et la psychologie, explique-t-elle dans une interview à Al Ahram Hebdo. Elle demanda alors l’avis de sa mère qui lui aurait crié au sujet du choix d’étudier la langue arabe: "Impossible! On ne gagne pas sa vie avec la langue arabe!".
Elle choisira donc d’étudier la psychologie pour pouvoir gagner sa vie correctement, mais elle ajoute: "Là, à la faculté, les cours que je suivais étaient forcément en langue arabe. Comme j’ai été formée par de grands professeurs, à l’instar de Nadim Neïmi et Ramzy Baalbaky, ma passion pour la langue arabe n’a cessé de grandir". Bien qu’elle soit diplômée en psychologie et en pédagogie, et non en arabe classique, c’est pourtant bien l’arabe qu’elle enseigne à ses étudiants, avec des méthodes qu’elle a améliorées au fil du temps.
Elle est connue pour savoir établir une relation directe avec ses étudiants, qu’elle considère comme partie intégrante du processus d’enseignement. Elle les écoute et leur donne la parole: elle sait comment les motiver.
L’enseignante regrette que l’enseignement de l’arabe ne soit pas abordé avec une nouvelle optique : elle pense que les programmes de langue arabe sont à revoir. Elle dira, d’ailleurs: "Le marketing nous manque tous. Il suffit d’observer l’image du professeur d’arabe véhiculée par les films. C’est toujours une personne antipathique, modeste et hors du temps. Ainsi, l’ensemble des représentations construites n’est ni en faveur de la langue, ni de celui qui l’enseigne. Et il devient normal, par conséquent, de voir des sociétés contre cette profession. Une profession qui ne donne pas de pain, comme disait alors ma mère".
"Non, l’arabe n’est pas figé!"
La langue arabe a un caractère sacré, et Al Ahram Hebdo lui a demandé si cela n’empêchait pas son évolution ; Ce à quoi l’enseignante a répondu: "Le Coran est sacré. La langue arabe ne l’est pas. Sinon, elle aurait disparu comme le latin. La langue arabe n’est pas figée. Elle est vivante, dynamique: son lexique ne cesse de s’enrichir. D’ailleurs, elle n’est pas une langue difficile. Et il n’y a pas non plus de mauvais élèves ou de mauvais étudiants. Ils sont victimes, en fin de compte, d’un mauvais enseignement", estime-t-elle.
Hanada défend la langue arabe et promeut son enseignement
Directrice du centre Zay pour les recherches académiques centrées sur les méthodes d’enseignement de la langue arabe et du développement des compétences des enseignants, Hanada se donne à fond dans son travail et la défense de la langue arabe fait partie de ses valeurs depuis toujours! A travers des vidéos courtes, elle répond à diverses questions et captive le public qui partage toujours plus sa passion!
Mère de deux enfants, qui sont nées et ont grandi aux Etats-Unis, Hanada est fière d’avoir pu leur apprendre l’arabe. "Elles se sentent plus Arabes qu’Américaines, bien que leur père soit Américain", affirme Hanada avec beaucoup de fierté, elle qui ne veut pas voir l’identité arabe de ses filles, joliment prénommées Yasmine et Raya, se dissoudre. "Quand elles étaient encore petites, je ne parlais avec elles qu’en arabe soutenu ou en arabe libanais. Elles écoutaient Fayrouz et Oum Kalsoum, et jouaient leurs chansons au piano, même si elles ne comprenaient pas toujours les paroles!".