Colère des Irakiens suite à une ingérence honteuse d'Israël

Irakiens qui manifestent 2020
Irakiens qui manifestent 2020

Une étrange réunion s'est déroulée dans la région appelée "Kurdistan du nord de l'Irak". La conférence intitulée "La conférence sur la paix et le rétablissement de l'Etat irakien" a été organisée par une sorte d'association américaine nommée "Peace Communication Center". Cette entité civile obscure aurait réuni le 24 septembre 2021 près de 300 Irakiens, dont des soi-disant chefs de tribus de la région, pour établir des relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël et reconnaître son existence. Une processus désormais communément appelé "normalisation".

Mais cette conférence a surpris tous les dirigeants officiels. Une fois la nouvelle diffusée par certains médias de propagande comme "Arab News" (un média mal nommé proche de l'Etat sioniste) et d'autres, les dirigeants au niveau local comme au niveau national sont entrés dans une colère rarement observée. Non seulement la réunion qui s'est déroulée dans la ville d'Erbil, le fut sans qu'aucun responsable politique n'ait été informé, mais en plus sur un sujet et un engagement de l'Irak diamétralement opposés à la politique menée et voulue par l'Iraq.

L'objectif d'Israël: implantation militaire dans les pays arabes

Après que les Etats-Unis d'Amérique aient affaibli l'Iraq, les sionistes y voient désormais une magnifique opportunité d'y établir des bases militaires afin d'être proches de l'Iran, plus que jamais. Nous savons déjà que, bien qu'éloignés de l'Iran, les services secrets israéliens, largement appuyés par les forces américaines, lancent des raids et des assassinats ciblés en Iran, l'ennemi juré d'Israël. Une fois proches de l'Iran, ils seront forcément en capacité de lui nuire encore plus efficacement. Une méthode qu'ils ont appliquée ces dernières décennies dans de nombreux pays arabes. Et d'ailleurs, ce n'est malheureusement pas terminé. Israël a donc eu recours à sa technique de propagande qui consiste à mettre l’opinion publique devant le fait accompli: celui de l'acceptation d'Israël par l'Iraq, acceptation soi-disant désirée par leurs dirigeants. Mais la réaction, côté irakien, ne se fit pas attendre.

Moustafa Al Kazemi
Moustafa Al Kazemi

Les réactions des responsables politiques irakiens

L'organisation "Peace Communications Center" a déclaré que sa conférence comptait sur la participation d'environ 300 personnalités irakiennes (sunnites et chiites) de 6 gouvernorats (Bagdad, Ninive, Anbar, Salah al-Din, Babylone et Diyala). Les organisateurs ont annoncé que des accords qui garantissent une paix globale avec Israël étaient conclus. Une paix qui impliquerait que l'Iraq reconnaisse officiellement l'Etat d'Israël. Un communiqué de presse expliquait la chose ainsi: "La réunion a pour objectif de lancer un appel au peuple irakien à entrer en relation avec Israël et son peuple par le biais des accords d’Ibrahim, accords similaires aux pays arabes qui ont accepté de normaliser les relations diplomatiques avec Israël".

Les représentants du gouvernement régional du Kurdistan d'Irak ont fait immédiatement une déclaration: "Nous n'avons aucune implication dans cette conférence et elle s'est organisée et tenue à l'insu du Kurdistan.". Par la suite, c'est le ministère de l'Intérieur de la région du Kurdistan irakien qui a déclaré: "La réunion s'est tenue à l'insu du Kurdistan irakien, sans l'approbation ni la participation du gouvernement régional, et elle n'exprime en aucune façon la position du gouvernement régional du Kurdistan".

Mais la réponse la plus cinglante est venue du gouvernement national irakien, dirigé par Mustafa Al-Kazemi. Son gouvernement a déclaré son rejet "catégorique" de cette réunion qualifiée d'ailleurs de réunion illégale: "Le gouvernement confirme que cette réunion ne représente pas la population et les habitants des chères villes irakiennes, dont ces personnalités tentent désespérément de parler au nom de leurs habitants, et dont elles pensent refléter les opinions. Les personnes qui y ont participé tentent, selon nous, de brouiller la situation générale et vont à l'encontre des aspirations de notre peuple."

Le chef du mouvement "sadriste", Muqtada al-Sadr, demande au gouvernement fédéral de mettre aux arrêts les personnalités ayant participé à cette conférence: "D'une part, les responsables d'Erbil aurait dû empêcher ces réunions. Selon nous, c'est du terrorisme sioniste et nous jurons que nous allons travailler légalement, mentalement et patriotiquement pour empêcher les rassemblements de partisans de l'Etat sioniste. Les participants ont attenté à l'ordre du pays, nous devrions nous occuper de ces saletés appelant à la normalisation. D'autre part, la proposition du concept de normalisation est constitutionnellement, juridiquement et politiquement rejetée dans l'État irakien. Toutes les formes de colonisation, d'agression et d'occupation par Israël contre le peuple palestinien frère sont rejetées.".

Le responsable du mouvement "Asa'ib Ahl al-Haq", Qais al-Khazali, a plus sobrement écrit ceci par un tweet: "Ce qui s'est passé à Erbil viole toutes les valeurs et principes nationaux et humanitaires. Et c’est une violation explicite du code pénal irakien. La résistance islamique ne restera pas silencieuse sur cette grande trahison, et nous enseignerons à l'ennemi israélien et à ceux qui les soutiennent, une leçon qui empêchera quiconque de trahir encore les Irakiens.".

La Fondation du Sunnisme, une institution gouvernementale, a transmis un communiqué confirmant qu'elle rejoignait les positions irakiennes officielles, qui sont selon la déclaration: "honorables et humanistes" et a affirmé rejeter toute normalisation avec Israël. Le communiqué "condamne dans les termes les plus durs toutes les mesures appelant à la normalisation irakienne avec l'entité sioniste usurpatrice de l'État arabe frère occupé de Palestine, dont la dernière en date a été la conférence tenue dans la ville d'Erbil. Récemment, des appels à la normalisation et des conférences ont eu lieu pour étendre les ponts de coopération et de normalisation avec cette entité brutale, qui cherchait à corrompre la Terre entière en usurpant les terres et en violant tous les accords sous couvert de paix et de sécurité".

Muhammad al-Halbousi, le président de la Chambre des représentants, mais également le leader de la coalition "Progrès" en Iraq, a appelé les responsables au pouvoir à entreprendre une réponse stricte "pour faire taire les voix appelant à la normalisation avec Israël. L'Irak a une position historique cohérente sur la question palestinienne, et notre position rejetant la soi-disant normalisation avec l'entité sioniste ne changera pas avec la réunion d'un groupe de corrompus, qui a tenté en vain de fragiliser la position ferme, décisive et honorable de l'Irak sur la question palestinienne. Par conséquent, des mesures juridiques strictes sont nécessaires ; Faire taire ces voix dissonantes et tenir pour responsables tous ceux qui tentent de porter atteinte à nos principes nationaux et aux justes causes de la nation".

En bref, les sionistes ont corrompu une poignée d'Irakiens sans scrupules et sans valeurs, qui ont décidé de penser à leurs profits plutôt qu'à la solidarité avec le peuple palestinien. L'ensemble de la classe politique s'est indignée et a dénoncé le jour-même la supercherie: les Irakiens sont tous opposés à la paix avec les belliqueux et intrigants Israéliens. Et si les Israéliens arrêtaient de tuer des Arabes, ce serait un bon préalable pour faire la "paix", non?

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Mis en ligne : Samedi 25 Septembre 2021
 
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