Voici une journée classique d’une famille syrienne typique, afin de vous immerger dans leur mode de vie. Le narrateur est le père de la famille.
Nous sommes une famille de sept personnes composée des deux parents et de cinq enfants. Ma femme se lève en premier, vers 6h du matin, elle se charge de préparer tous les repas de la journée.
Nous nous levons habituellement à 8 heures. Nous faisons nos ablutions. Cela consiste à nous laver les mains et le visage. Petite précision : il est interdit de vaporiser de l’eau sur une personne, car cela provoque la séparation, la dispute, l’éloignement.
Après la toilette, nous prenons un petit-déjeuner tous ensemble. Le déjeuner est pris à table au centre du salon, décoré de plantes vertes ; quand on entre dans une nouvelle maison, il faut apporter une plante verte. Le vert porte chance, surtout le vert tendre.
Les parents boivent le thé à la menthe ou le café, les enfants prennent un petit-déjeuner plus copieux ! Il s’agit le plus souvent du keshke qui est un plat traditionnel très présent au petit-déjeuner en Syrie ou au Liban. Il est composé de yaourt mélangé avec du boulgour, le blé concassé.
Après avoir copieusement déjeuné, nos enfants vont à l’école, je les dépose moi-même. Mes enfants n’ont classe que le matin mais dans d’autres familles les enfants peuvent n’avoir classe que l’après-midi.
Ensuite je file à mon travail. Dès 9h du matin je reprends mon travail de conception d’aménagement des espaces publics au sein de mon entreprise, spécialisée dans la construction immobilière et l’aménagement d’espaces verts. Pendant ce temps-là, ma femme met à profit le temps libre de la matinée pour aller au marché, chez les détaillants pour nous réapprovisionner en fruits et légumes nécessaires pour la confection de plats.
Les Syriens déjeunent tard, entre 12h30 et 15h00. Je quitte mon travail, récupère mes enfants et nous rentrons à la maison. Nous prenons le déjeuner en famille : un véritable moment de partage, en toute simplicité, suivi d’un moment calme pour lire, se détendre, jouer au ping-pong.
Les Syriens n’aiment pas tellement entendre les oiseaux chanter dans leur jardin : les oiseaux comme le corbeau, la chouette, le hibou, sont synonymes de malheur, lorsqu’on en voit ou qu’on entend leur cri, nous disons : khayr ya tayr, littéralement bonne chance oiseau ! Cette phrase repousse leurs maux. Une autre croyance des Syriens veut que si on a la main gauche qui gratte, cela signifie qu’on va recevoir de l’argent, si on a la main droite qui gratte, cela veut dire qu’on va perdre une somme d’argent, ou payer quelqu’un, et d’après les Syriens cette croyance n’est pas fausse !
Après le repas, je retourne aux bureaux pendant que ma femme gère les devoirs scolaires des enfants. A 16 heures, les enfants jouent, l’un au foot l’autre aux jeux vidéo. Ensuite, c’est l’heure du bain des plus petits, les plus grands prennent leur douche.
A 19h, nous servons aux enfants un repas –goûter fait de biscuits, ainsi que des oranges ou des bananes… Les parents prennent une collation légère, du pain qu’on trempe dans l'huile d'olive. Il y a tant de joie partagée. Les parents regardent les informations à la télévision. Les anciens Syriens mangeaient une collation à base de foul, des fèves à l'huile et à l'ail, cuites à l'eau.
A partir de 20h30 selon les jours (week-end ou semaine), nous prenons un repas en famille : un plat typique est un ragoût d'aubergines à la viande, les mezzés ces hors-d’œuvre syriens (hummos, une salade de taboulé légère, zaatar… ), la kibbeh (blé concassé, viande hachée et épices), siniyyet kebab ( صينية كباب ), fabriqués à partir de l' agneau haché maigre servi sur un plateau avec le piment, l'oignon et la tomate. Sans oublier le lebné avec le khubz (pain) que nous prenons en fin de repas, depuis des temps fort anciens, il s’agit d’éléments essentiels de l'alimentation nomade. En plus de la cuisine syrienne traditionnelle on sirote des vins méditerranéens frais, du rosé en général.
Après le repas, nous prenons du temps pour continuer les parties de jeux vidéos entamées lors de la première partie de l’après-midi, les enfants testent plusieurs applications mobiles ! Ensuite, nous buvons une tasse de tisane à la cardamome. Il est l’heure d’aller se coucher. Précisons aussi que la nuit, on ne verse pas d’eau trop chaude dans les lavabos la nuit, on se lave les dents à l’eau fraiche, sinon on risque de brûler un "djinn", et de recevoir par la suite une raclée des mauvais esprits.
Pour éviter qu'ils ne s'enrhument, les Syriens, autrefois, accrochaient un œuf au plafond de la chambre des enfants.