Produits Bio et santé

Mains tenant des mini tomates bio
Mains tenant des mini tomates bio
Mains tenant de la terre
Mains tenant de la terre

En 2001, l'AFSSA (Agence française de sécurité sanitaire des aliments), décidait de réaliser une étude sur les produits biologiques, dits "bio", pour en déterminer les éventuels bienfaits nutritionnels, ainsi que leur impact éventuel sur notre espérance de vie. De cette étude, on tire quelques enseignements intéressants.

Qu'est-ce que le bio ?

Pour situer le contexte, rappelons ce qu'est l'agriculture biologique, appelée agriculture organique par les anglophones. Cette agriculture utilise des matières organiques pour l'entretien des sols, exclut l'utilisation de produits chimiques de synthèse et de dérivés d'OGM (= organismes génétiquement modifiés).

Elle s'appuie sur le recyclage naturel des matières organiques - recyclage des déchets végétaux en engrais naturel par exemple -, sur la rotation des cultures et le désherbage manuel... .etc.

L'élevage des animaux, de type extensif, utilise l'homéopathie et la phytothérapie pour les soins sanitaires et vise le bien-être des animaux. Les méthodes de l'élevage bio sont plus ou moins les mêmes que celles de l'agriculture des 19e et 20e siècles, qui précède l'utilisation massive de substances chimiques de synthèse. Un retour finalement à du bon sens et un savoir faire plus respectueux des cycles naturels.

L'origine historique du bio en tant que courant philosophique remonte certainement à 1924, quand, à l'instar du philosophe autrichien Rudolph Steiner, certains agriculteurs se sont opposés au développement de l'agriculture dite productiviste.

Cette dernière vise à produire une plus grande quantité de produits et plus résistants, pour éviter les pertes. C'est ce que l'on appelle la culture, ou l'élevage quand il s'agit d'animaux, de type intensif: C'est-à-dire à rendement élevé. Alors que l'agriculture bio est de type extensive, c'est-à-dire que même si le rendement est plus faible, on met l'accent sur la fertilité naturelle des sols et le respect des cycles de production.

Cela étant précisé, revenons-en à l'évaluation des risques et des bénéfices des produits bio par l'AFSSA. L'étude que nous résumons ci-dessous a été faite à partir d'études scientifiques comparatives entre produits bio et produits issus de l'agriculture conventionnelle.

Résultats neutres a priori

Il faut tout d'abord préciser qu'à ce jour, aucune donnée ne permet de démontrer l'effet protecteur du bio sur la santé. Pour l'instant, on ne sait donc pas si une personne qui se nourrit avec des produits bio sera en meilleure santé et vivra plus longtemps que celle qui se nourrit avec des produits issus de l'agriculture conventionnelle.

De plus, la qualité nutritionnelle et le goût des produits dépendent avant tout de la variété et de l'environnement où poussent les végétaux, comme le sol et le climat.

Concernant la teneur en micronutriments des produits issus de l'agriculture bio et conventionnelle, il n'y a pas de différence notable. Décevant, non?

Quant à la viande, l'examen de l'influence du mode d'élevage sur sa qualité nutritionnelle, conforte ceux qui pratiquent une agriculture de qualité, qu'elle soit bio ou non. Ainsi, on apprend que l'accès du poulet à un parcours en plein air, ainsi qu'un abattage tardif, font la volaille moins grasse, ce qui est meilleur d'un point de vue nutritionnel ! Par contre, la viande bio contient moins d'acide linoléique, un acide gras de type oméga 6, que la viande classique. Les oméga-6 sont des acides gras qui préservent la peau et font baisser le taux de cholestérol en aidant l'assimilation des protéines contenues dans les graisses.

Inocuité des produits

Reste à savoir si les produits bio contiennent moins d'éléments toxiques pour l'organisme et il semblerait que oui. L'une des préoccupations des consommateurs est en effet liée à l'innocuité des produits. Or, pour prendre l'exemple de l'Europe, plus de 800 pesticides y sont autorisés! Cela paraît énorme, mais les instances européennes assurent que l'utilisation des fertilisants, des pesticides et autres médicaments administrés aux animaux, sont strictement contrôlés. Donc tout va bien pour les consommateurs, pas d'inquiétude l'Europe contrôle...

Cependant, les défenseurs du bio pensent que des résidus de pesticides et autres adjuvants chimiques peuvent rester dans un produit de l'agriculture conventionnelle et avoir des effets indésirables sur notre santé. Ils pensent également que l'agriculture conventionnelle peut avoir des répercussions toxiques sur l'environnement, telle que la pollution des sols et des nappes phréatiques (les réserves naturelles d'eau vive dans les sous-sols).

Les risques sur notre santé liés à l'utilisation de pesticides donnent du sens à l'agriculture bio. Ainsi, une étude américaine (1) menée sur 7 000 enfants dont 465 autistes, a révélé quelque chose de très inquiétant: Les femmes enceintes vivant à moins de 500m de champs où des pesticides sont répandus, ont 6 fois plus de risques de mettre au monde un enfant atteint d'autisme!

Enfin, de nos jours dans les pays développés, on veut que les aliments protègent notre santé et que leur culture respecte l'environnement. Opter pour une alimentation bio fait partie d'une philosophie de vie, liée à certaines valeurs: Préservation des ressources terrestres et respect des animaux.

(1) Source : National Institutes of Health U.S. Department of Health and Human Services. "Maternal Residence Near Agricultural Pesticide Applications and Autism Spectrum Disorders Among Children in the California Central Valley".

La question du rendement

En général, ce qui nous rend sceptiques vis-à-vis de l'agriculture bio, c'est qu'elle ne semble pas capable de nourrir toute la population du monde. L'agriculture productiviste, elle, a tout de même permis de nourrir plus de gens, et ainsi, de réduire fortement la malnutrition dans de nombreux pays. Or, la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) se veut optimiste sur la question de la rentabilité de l'agriculture bio. Selon l'organisation en effet, la question de la rentabilité du bio n'est pas un frein à son développement. Pour en arriver à cette conclusion, elle se base sur le fait qu'en 2006, l'agriculture bio était pratiquée dans 120 pays sur un total de 31 millions d'hectares et représentait un marché de 40 milliards de dollars. Précisons qu'en ce qui concerne les pays arabes, seuls l'Egypte, le Liban et les pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc) ont déclaré consacrer quelques superficies à l'agriculture biologique et seulement pour certaines cultures, comme celle de l'olivier, des agrumes, des dattes ou des tomates...

Comment être sûr que les rendements seront suffisants ? La FAO affirme que le mode d'agriculture bio nécessite plus de main-d'oeuvre : En créant plus d'emplois agricoles, il limiterait donc la pauvreté. Autre point positif, l'agriculture biologique évite aux agriculteurs de s'endetter pour acheter des intrants ou fertilisants agricoles très coûteux. Cet endettement entraînerait un taux alarmant de suicides parmi les agriculteurs travaillant à leur compte. La solution réside peut-être aussi dans l'amélioration du mode d'agriculture bio grâce à la technologie du 21e siècle. Après tout, l'écologie ne s'oppose pas forcément au progrès technologique. La preuve en est que les laboratoires de cosmétologie naturelle par exemple, utilisent des techniques sophistiquées et du matériel de pointe ! Mais une chose est sûre : Le choix du bio n'est pas uniquement lié à une question de santé, c'est aussi un choix éthique ou un art de vivre.

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Mis en ligne : Mardi 23 Octobre 2007
 
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