Gluten, thyroïde, cystite, Lyme… De plus en plus d'autotests promettent de nous informer sur notre santé. Nous avons passé au crible les plus vendus en France. Seuls quelques-uns ont un intérêt, et pas pour tout le monde.
Pratiquer à domicile une analyse biologique (de 12 à 30€ en moyenne) pour obtenir une information médicale à partir d’une goutte de sang ou d’urine, c’est tentant si le résultat est fiable et utilisable.
• Oui, j’essaie!
- Quels autotests?
Les autocontrôles de la glycémie des diabétiques et l’INR (indicateur de coagulation) des personnes sous anticoagulants sont bien les plus appréciés.
Celui du tétanos peut servir en cas de doute sur votre vaccin (si ancien).
En cas de suspicion de cystite, la bandelette urinaire est utile chez une femme après un premier épisode et sauf fièvre.
L’autotest du VIH est intéressant pour qui n’ose pas se rendre dans un centre de dépistage anonyme. Les plus de 50 ans représentent 20% des découvertes de séropositivité, indique Santé publique France, avec une infection récente dans 28% des cas.
"Le réaliser trois mois après un rapport à risque, le temps de développer des anticorps antiVIH", précise le Dr Jacques Labescat, généraliste.
- Je fais quoi du résultat?
En l’absence d’anticorps antitétaniques, consulter d’urgence après une blessure pour avoir une injection d’immunoglobulines. Une bandelette urinaire positive nécessite une médication que le médecin a pu prescrire d’avance s’il s’agit d’une récidive.
L’autotest évite de prendre des antibiotiques si la bandelette est normale. Un autotest VIH positif doit être contrôlé par un médecin.
- Ce qu'il y a de mieux à faire
Oui: se faire (re)vacciner pour éviter le tétanos (tous les vingt ans entre 25 et 65 ans, tous les dix ans ensuite) et c’est remboursé. En cas de soupçon d’infection urinaire, le médecin demandera un examen (ECBU) pour prescrire le bon antibiotique. Dans un centre de dépistage ou sur ordonnance, le test VIH est pris en charge et son résultat mieux accompagné.
• Il peut m’être utile
- Quels autotests?
La recherche d’anémie, de problème de thyroïde ou d’intolérance au gluten peut vous être utile si le problème décelé est suivi d’une pathologie cœliaque, si vous êtes dans un désert médical...
- Je fais quoi du résultat?
Des résultats négatifs peuvent rassurer. Positifs, ils pointent un possible problème qui doit être confirmé par un médecin, puis traité. Ainsi, diagnostiquer une maladie cœliaque, véritable intolérance au gluten et qui ne concerne que 1% de Français, doit associer une recherche d’IgA anti transglutaminase et un déficit en IgA (ce que fait l’autotest Gluten® AAZ).
Mais un résultat positif demande toujours à être confirmé par un gastroentérologue. Celui-ci peut être complété par une fibroscopie et la recherche d’une susceptibilité génétique.
- Y a-t-il mieux?
Ces examens donnent l’illusion de pouvoir se passer d’un médecin. À tort car ils ne tiennent pas compte de l’ensemble des symptômes et spécificités individuelles. les autotests peuvent être mal réalisés ou mal compris. Un test d’intolérance au gluten mal interprété risque d’astreindre à faire un régime inutile par exemple.
• Non, j’évite!
- Quels autotests?
L’Académie nationale de pharmacie déconseille les autotests pour la maladie de Lyme, les allergies, le cancer colorectal et de la prostate, jugés sans intérêt, voire dangereux. En mai 2019, l’Agence nationale du médicament a retoqué MyTest Ménopause car une mesure isolée de l’hormone FSH n’a pas de signification.
- Je fais quoi du résultat?
Rien. Aucun médecin ne s’en servira!
- Y a-t-il mieux?
Oui, les analyses prescrites (et remboursées)! Prétendre détecter la présence de Borrelia (maladie de Lyme) avec une seule sérologie n’a aucun fondement scientifique. Pas plus que vouloir repérer une allergie en dosant les IgE: "Ces immunoglobulines peuvent être augmentées sans allergie (en cas de parasitose, par exemple) ou le test être faussement négatif. Seul l’interrogatoire et des tests cutanés offrent un diagnostic précis", explique le Dr Catherine Quéquet, allergologue, auteure de 1001 allergies et intolérances (éd. de l’Opportun, 2017).
De même, doser les PSA risque d’inquiéter pour rien (le cancer de la prostate n’est pas le seul à l’augmenter) ou de rassurer faussement: le test ne détecte que les taux supérieurs à 4ng/ml; or selon le contexte, c’est parfois trop.
Et pourquoi investir dans un autotest du cancer du côlon alors qu’un dépistage organisé et gratuit est proposé après 50 ans et qu’en cas d’antécédents familiaux, une coloscopie est conseillée avant 50 ans?