La khotba et le mariage à Annaba 🇩🇿

Mariage bonois
Mariage bonois

Dans la wilaya d'Annaba, à Annaba et El Bouni, la tradition veut que la jeune fille épouse quelqu'un du pays. De cette façon, les traditions du pays se perpétuent. Les habitants d'Annaba sont appelés les Bônois. Ceux-ci se marient généralement en été et en automne, car le temps est doux et il s'agit de saisons idéales pour le voyage de noces.

El Frèche

Avant son mariage, une future mariée doit prévoir l'équipement de sa maison en préparant le linge de lit, les draps et les couvre-lits, ainsi que les rideaux, cela s'appelle el Frèche. Elle les brode parfois elle-même.

Les fiançailles appelées El Khotba

Le futur fiancé se rend chez la jeune fille avec laquelle il veut se marier pour demander sa main à ses parents. Si ces derniers estiment que le jeune homme qui veut épouser leur fille est de bonne famille, ils s'accordent sur le montant de la dot : en général le prétendant doit s'occuper de trouver une salle de fête.

Robe bonoise avec broderies
Robe bonoise avec broderies

El atïa : cadeaux de la fiancée

C'est le versement de la dot et des cadeaux qui engage les deux familles des fiancés. Le montant de la dot doit être débattu devant témoins autour d'un repas offert par le père de la mariée. A Annaba, les parents de la mariée étaient connus pour être exigeants mais cela est en train de changer. Les parents du jeune homme doivent offrir au titre de la atïa du henné, du savon, du parfum, des bijoux bônois, à savoir les kholkhal (deux anneaux de cheville), une bague, des bracelets et une parure en or et pierres précieuses.

El sdek ou el mahr est la dot en monnaie sonnante et trébuchante, que le fiancé verse à sa future, afin qu'elle puisse disposer à sa guise d'un petit capital, une fois épouse. Autrefois on pensait que donner une somme d'argent élevée prouvait que la future mariée comptait, mais cela n'est pas tout ! Aujourd'hui, c'est le fait de faire la fête qui compte le plus pour les Bônois.  Après la atïa, les parents des mariés fixent une date pour le mariage religieux: généralement celui-ci coïncide avec le mariage civil.

La fatiha (mariage religieux)

Au cours de cette cérémonie religieuse, supervisée par un Imam, on récite une prière, "la fatiha": l'Imam donne des conseils aux jeunes mariés pour qu'ils évitent tout ennui durant leur vie. Les époux se promettent de rester fidèles l'un envers l'autre leur vie durant. A partir de ce jour, la jeune fille est définitivement promise. La mère de la mariée, émue à l'idée de marier sa fille, pleure et est consolée par les invitées.

A chaque étape, considérée comme une fête, il y aura automatiquement musique et photos pour immortaliser ces moments de joie. Après avoir officialisé leur union avec les fiançailles, le mariage religieux et civil, la célébration du mariage avec cortège et invités des deux côtés peut avoir lieu.

Une mariée typiquement bônoise avec un chapeau et des tresses fines
Une mariée typiquement bônoise avec un chapeau et des tresses fines

La soirée du henné

La veille du départ vers son nouveau foyer, la jeune fille prend un bain. Une femme est chargée de superviser ce rite, il peut s'agir d'une femme âgée et expérimentée ou d'une machta,  c'est ainsi que l'on appelle les neggafas dans cette partie du pays ! C'est cette même femme qui va conseiller la future mariée sur les tenues à porter et qui va la maquiller et la coiffer. La mariée juive d'Annaba porte un chapeau conique alors que la mariée musulmane porte traditionnellement un simple voile en satin blanc sur tout le corps. La mariée porte un parfum capiteux car l'homme raffiné apprécie, dit-on à Annaba, les effluves enivrantes et capiteuses.

La soirée du henné se déroule exclusivement entre femmes: au cours de cette fête, la mariée doit porter 6 tenues traditionnelles et de préférence de couleur bleue. La robe de mariage peut être une melehfa chaouïa ou, très souvent, une qatifa encore appelée jebba fergani. Cette dernière est une robe en velours brodée de fils d'or: la mariée change de tenue presque chaque heure, durant toute une après-midi et même en soirée. A un moment, la mariée s’assoit avec un voile sur le visage. Elle devra rester ainsi plusieurs heures, les deux mains sur les genoux ! Une fois les invités rassemblés, on fait se lever la mariée et on lui enlève son voile afin que tout le monde puisse admirer sa beauté. Et en effet, toute l'assistance est subjuguée par la douceur de son visage, mis en valeur par ses vêtements et ses bijoux.

Si des hommes sont présents, ils applaudissent, et les femmes font des youyous. Pour la cérémonie du henné, on commence par allumer des bougies.

En soirée la belle-mère de la mariée lui mets du henné sur les deux mains, puis des moufles en velours brodées qu'elle devra garder jusqu'à ce que le henné soit sec. Les invitées et parfois un orchestre chantent des chansons de mariage, dont celles spécifiques à cette cérémonie du henné. Pour finir, un orchestre met de l'ambiance, tout le mode danse et on sert des gâteaux comme les baqlawas. On distribue des dragées aux enfants.

Douceurs d'Annaba, gâteaux
Douceurs d'Annaba, gâteaux

Préparation du couscous et des dolmas

Au foyer du futur époux, la veille de la dernière cérémonie, les femmes se réunissent pour préparer le repas, des salades hors-d’œuvre en entrée, un couscous de noces, des dolma. Ces occupations donnent lieu à des réjouissances familiales : les femmes préparent le couscous et divers plats en chantant les chansons du folklore bônois.

L'arrivée de la mariée

Le deuxième temps fort, la famille du marié organise un cortège en invitant les participants. Ce cortège quitte la maison pour se rendre à la demeure de la mariée.

Ce jour-là, la mariée porte une robe blanche. Son époux l'emmène dans la voiture des mariées en la tenant par la main. Ils précèdent un cortège de proches et d'amis. Les Bônois préfèrent les mariages en "comité restreint" où seuls amis et famille proche sont invités plutôt que ceux avec 150 invités et du coup, des querelles plus fréquentes.

La fête a lieu toute l’après-midi, en présence de fqiret, un groupe de musiciennes et chanteuses traditionnelles, composé de femmes exclusivement.  En soirée, un homme âgé de la famille tire des coups de fusil en l'air, à l'aide d'un fusil de fabrication traditionnelle, car c'est un symbole d'héroïsme et la première arme que les moudjahidines ont utilisée. Après les festivités, les mariés restent seuls pour la nuit de noces.

7 jours après le mariage

7 jours après le mariage, c'est le fameux couronnement. Les deux familles des mariés vont chez ces derniers pour partager un repas. La mariée porte de nouveau une gandoura.

Ensuite un groupe de femmes se réunissent. La mère de la mariée lui met une ceinture qui doit être soit en soie soit en or, autour de la taille, afin qu'elle devienne une femme accomplie. On félicite la mariée et on invoque les saints d'Annaba.

Autrefois, le marié portait une gandoura blanche et une chéchia. Mais de nos jours, il lui préfère un costume blanc, à la méditerranéenne.

Ecoutez une musique typique exécutée par les Fkirettes d'Annaba lors d'un mariage bônois

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Mis en ligne : Mardi 17 Décembre 2019
 
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