Mariages tunisiens, un conte entre tradition et modernité

Henné porte-bonheur

Blewa explique: "La mariée porte une robe blanche traditionnelle qui couvre ses cheveux. Le marié porte généralement une djellaba blanche car la djellaba doit être de la même couleur que la robe de sa future épouse.".

Le hammam est l'un des rituels les plus anciens du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, qui respecte une ancienne tradition censée purifier l'esprit et le corps. Au petit matin, les festivités de trois jours commencent lorsque le couple signe son contrat de mariage devant un tribunal civil, en présence d'amis et de famille. Blewa ajoute que certaines familles préfèrent envoyer du personnel dans des maisons où les contrats peuvent être signés séparément.

Dans la soirée, la mariée organise une cérémonie: la fête du henné – un rituel séculaire qui transcende les cultures, comme on le voit en Afrique, en Inde et au Moyen-Orient. On pense que le henné porte chance au couple. Le henné sert à orner les mains et les pieds à l'aide de motifs soigneusement conçus appelés harqous.

Les amis et la famille des deux côtés, et même les membres de la communauté en général, peuvent assister à la cérémonie pour souhaiter à la mariée des jours pleins de bonheur et de prospérité dans sa nouvelle vie. Les invités forment alors une ligne pour mettre de l'argent entre les doigts de la mariée ou autour de son décolleté. Selon Halima Al-Tunisi, de l'or est parfois offert dans les familles les plus riches!

Les dépenses extravagantes font partie de la coutume!

Alors que les robes pour la nuit au henné varient considérablement, Al-Tunisi affirme qu'elles sont toutes aussi extravagantes. "Traditionnellement, les mariées tunisiennes ne cachent pas leur richesse. Les femmes de la côte tunisienne préfèrent porter une tenue dorée composée d'une robe, d'un pantalon ample et d'une veste. En revanche, les habitantes du sud du pays préfèrent porter des abayas aux couleurs vives décorées dans le style berbère, ouvertes des deux côtés et nouées à la taille. Les tribus berbères maintiennent des rituels cachés qui ont survécu à des décennies de déplacement et de colonisation. Pour cette raison, certaines familles berbères tiennent fermement aux lois locales traditionnelles qui empêchent les filles d'épouser des hommes arabes.

Cependant, selon Blewa, toutes les mariées tunisiennes se parent généralement de bijoux et d'accessoires en or hérités ou loués pour la nuit du henné. Selon la journaliste, les mariées exécutent également une danse traditionnelle de leur région d'origine, tandis que les invités mangent des gâteaux.

La grande finale

Le deuxième jour, selon Al-Tunisi, le marié abattait un mouton ou une vache, en fonction du nombre d’invités, pour préparer un somptueux repas de noces.

Le soir, le marié profite de sa soirée du henné. Al-Tunsi souligne que les dessins au henné pour les hommes sont généralement simples, et se limitent à la décoration de quelques doigts... Cette fête est l’occasion d’offrir argent et présents au futur marié pour aider aux dépenses du mariage.

Et le troisième jour, le mariage tant attendu commence. Selon Al-Tunsi, certaines familles préfèrent partager des responsabilités telles que la cuisine, l'organisation, le nettoyage et la prise en charge des invités. D'autres préféreront faire preuve de "prestige" en désignant une équipe dédiée pour gérer ces questions.

"C'est comme un énorme projet familial lorsque toute la famille se réunit pour une séance familiale commune", a déclaré Halima Al-Tounsi. Nous partageons tous nos ressources et notre argent pour faire en sorte que la soirée soit aussi réussie que possible.

Puis les jeunes mariés entrent, vêtus de leur smoking et robe blanche, tandis que les invités dansent, chantent et mangent des plats traditionnels tunisiens, notamment du couscous à l'agneau et des pâtes à la manière locale.

Cérémonie traditionnelle avec une touche moderne

Selon Blewa, la lune de miel est une tendance de plus en plus populaire chez les jeunes couples. Certains d'entre eux préfèrent passer des vacances quelque part plutôt que d'organiser une fête (traditionnelle) en raison des coûts élevés et du long processus de planification. "C'est particulièrement visible dans le Nord, où les gens organisent une cérémonie de mariage qui ne dure qu’une seule nuit. Ce genre de phénomène est intéressant à observer parce que c'est nouveau ! Cela ne m’est pas familier…".

La chasteté est toujours – plus ou moins – observée en Tunisie!

Mais certains, loin de regretter ces belles traditions, les critiquent amèrement, à l’instar d'une militante tunisienne: "Malgré la modernisation du pays, doublée d'une dévotion apparente aux traditions ancestrales, de nombreuses coutumes discriminatoires ont survécu et continuent de peser lourdement sur les mariées tunisiennes. Par exemple, ces dernières années, de plus en plus de femmes tunisiennes ont opté pour l'hyménoplastie. Il s'agit d'une procédure de "récupération de la virginité" pour restaurer l'hymen d'une femme afin qu’elle ne fasse pas honte lors de sa nuit de noces.".

Selon l'un des médecins qui s'est confié à la BBC lors d’un récent reportage tourné en 2022, 99% des patientes ont peur de faire honte à leur famille et d'être rejetées par leur futur mari. Ainsi, les femmes, qui appartiennent pour la plupart à la classe ouvrière, dépensent entre 550 et 960 dollars pour une procédure de 30 minutes censée restaurer leur soi-disant "chasteté".