Emel Mathlouthi la chanteuse de la Révolution tunisienne

Emel Mathlouthi chanteuse
Emel Mathlouthi chanteuse

Exilée volontaire depuis près de dix ans, la chanteuse  tunisienne éprouve régulièrement le besoin de retourner dans sa ville natale. Un Tunis lumineux, populaire et révolutionnaire.

C’est dans le ciel de son pays qu’elle avait  enregistré son dernier album, "The Tunis Diaries". Dans le ciel, ou presque, juste au-dessous, sur le toit-terrasse de sa maison familiale dans le quartier d’El Menzah 9. "C’est l’un des points culminants. De là, je peux voir toute la ville défiler, jusqu’à la mer et la montagne Boukornine. J’avais oublié le sentiment de grandeur et de liberté que cette vue procure.". En contrebas, la capitale déroule un long tapis blanc d’immeubles, moucheté par le vert des pins et le fuchsia des bougainvilliers.

Ce tableau démesuré reste éclaboussé de lumière, même par mauvais temps, et se pare, au soleil couchant, de gigantesques zébrures roses et orange qu’Emel Mathlouthi a tenté d’immortaliser des centaines de fois, avec son portable. "De la résidence, on n’entend pas la ville, mais le chuchotement lointain des radios, les cliquetis des ustensiles dans les cuisines voisines, le chant du muezzin et de myriades d’oiseaux. La nuit, les grenouilles et les cigales prennent le relais. Si on tend bien l’oreille, on perçoit d’ailleurs ces choristes singulières sur certaines chansons de The Tunis Diaries.".

Emel avec son mari Theo
Emel avec son mari Theo

Le second volet de ce double album, capté de nuit à l’aide d’un matériel de fortune (un enregistreur zoom et une guitare acoustique prêtée par un fan), comporte neuf reprises vibrantes de Nirvana, Leonard Cohen, Jeff Buckley... Pour que l’émotion soit plus forte encore, il faut les écouter en imaginant le décor du studio improvisé, les étoiles qui n’ont pas encore disparu dans le ciel, et qui répondent au parterre des rues, changées en millions de points lumineux. Cela fait près de dix ans qu’Emel Mathlouthi n’habite plus à Tunis.

Mais c’est bien ici, sur l’avenue Habib-Bourguiba, la grande artère qui lie la gare de Tunis-marine à la place de l’Indépendance, qu’elle est devenue mondialement célèbre durant la "Révolution du jasmin" en 2011. Elle tenait à la main la flamme vacillante d’une bougie et entonnant a cappella, un chant qui avait transpercé l’âme, "Kelmti Horra" ("ma parole est libre"). Cette chanson deviendra l’hymne des révoltés et propulsera l’artiste sur les scènes internationales.

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Mis en ligne : Vendredi 11 Juin 2021
 
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