Le FMI dicte sa politique à la Tunisie pour une poignée de dollars

Boulanger tunisien
Boulanger tunisien

Le gouvernement tunisien vient d'annoncer que le Fonds monétaire international (FMI) allait accorder une nouvelle aide financière au pays. Seulement, la contrepartie pose question.

Prêt contre ingérence?

La Tunisie a conclu un nouvel accord avec le FMI. Un énième "plan de sauvetage" d'un montant de 1,9 milliard de dollars afin d'aider à résoudre les problèmes économiques de différents secteurs en crise. Le prêt sera à rembourser en 48 mois à peine.

Officiellement, ce plan vise à rétablir la stabilité macroéconomique, à renforcer la sécurité sociale et permettre d'établir "une certaine équité fiscale".

En contrepartie, le FMI a exigé de la Tunisie qu'elle supprime les subventions des produits de base comme le pain, le lait ou les carburants. Le programme convenu avec la Tunisie comprend des modifications fondamentales; Citons notamment l'élargissement de l'assiette fiscale qui va, soi-disant, permettre d'étendre la couverture de la sécurité sociale afin d'en faire bénéficier les personnes les plus pauvres. La mesure doit générer de nouvelles recettes pour soutenir le pouvoir d'achat des Tunisiens les plus pauvres pour faire face à la hausse des prix des produits de base, une fois les subventions de l’État arrêtées. Il est également prévu de réformer les entreprises publiques.

Tout d'abord, cela s'appelle de l'ingérence. Le FMI dicte la politique à mener à un pays souverain. Ensuite, le FMI est composé d'anciens membres de gouvernements scabreux du monde occidental et de pseudos experts qui n'ont fait la démonstration que d'une gestion calamiteuse des pays occidentaux. Par ailleurs, les exigences du FMI vont très probablement aggraver la situation économique de la Tunisie.

Le prix des produits de base va doubler

L'aide financière du FMI reste très modique. Cela ne représente que 10% du budget annuel de l'Etat (17,6 milliards d'euros). Les contreparties sont par contre énormes et durables; notamment celle d'arrêter les subventions du prix du pain et des carburants, qui vont impacter les plus pauvres. C'est donc à l'opposé de l’intérêt annoncé par ce plan d'aide...

Alourdir le fardeau des Tunisiens ? Le gouvernement tunisien l’assume: il mettra en œuvre un plan de suppression progressive des subventions des produits de base sur une période de 4 ans. Ainsi, dans un premier temps, le nombre de boulangeries travaillant dans la production de pain subventionné sera réduit, parallèlement à l’augmentation progressive des prix du pain et il en sera de même pour le carburant.

Pour ne parler que du cas du pain, un produit de première nécessité, il faut savoir que dans le futur, une baguette de pain coûtera environ 30 centimes d’euros. Une baguette vendue actuellement aux Tunisiens au prix de 15 centimes, grâce aux subventions de la farine de boulangerie par l’Etat, va donc coûter le double dans 4 ans. Les boulangeries sont menacées et leur sort incertain, même si le gouvernement a l'intention de retirer son aide progressivement, ce qui entraînera fatalement la mise au chômage de nombreux travailleurs dans le secteur, vivant depuis 60 ans grâce aux subventions publiques. Le pays compte plus de 3000 boulangeries lesquelles emploient en moyenne 4 employés, c'est donc plus de 10 000 Tunisiens dont l'emploi est menacé directement.

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Mis en ligne : Samedi 24 Décembre 2022
 
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