En Tunisie, 75% des meilleurs élèves de premier cycle sont des filles. Le taux d'élèves de sexe féminin entrant au cours préparatoire représentait 45% de l'effectif total des élèves en 1990. Mais les garçons redoublant plus souvent ou abandonnant l'école plus tôt, les filles se retrouvent en supériorité numérique au lycée. Ainsi, en 2003, elles représentaient 52% des candidats au baccalauréat.
Ce qui explique la réussite scolaire des jeunes tunisiennes
Le milieu socio-économique de l'élève et le niveau intellectuel de ses parents ne jouent pas un rôle déterminant dans sa réussite scolaire, d'après les pédagogues tunisiens. Toujours est-il qu'en Tunisie, la réussite scolaire, y compris celle des filles, relève de la plus haute importance.
La démocratisation de l'enseignement a fait son chemin !
Selon le sociologue tunisien Chokri Memni, l'engouement des filles pour l'école est intimement lié à un phénomène important qui aurait très bien réussi en Tunisie : la démocratisation de l'enseignement, "qui a permis un accès massif des filles au système scolaire, dont elles étaient exclues autrefois" explique-t-il.
La valorisation de l'éducation par les familles : un élément clé
"C'est normal qu'elles réussissent plus que leurs aînées. La réussite scolaire est valorisée à son maximum dans la société tunisienne. C'est devenu la priorité numéro un des familles", souligne Chokri Memni, avant d'ajouter que "l'attention portée aux résultats scolaires des enfants est un indicateur de changement du statut de l'enfant".
Les parents tunisiens investiraient plus de temps dans l'éducation scolaire de leurs enfants, et l'enfant, quel que soit son sexe, serait devenu porteur d'un "capital scolaire" acquis, qui a remplacé le patrimoine familial transmis et grâce auquel il peut améliorer ou maintenir la position sociale de la famille.
Que pensent les enseignants tunisiens de la réussite des filles
Ces derniers l'attribuent tout simplement à leur travail et à leur rigueur, qui serait plus évidente que chez leurs confrères masculins. Les garçons eux, seraient beaucoup plus en échec scolaire du fait de leur nonchalance et de leur manque de sérieux. Ces derniers opteraient davantage pour les places du fond de la classe, chahuteraient plus souvent et seraient plus impertinents. En revanche, ils feraient preuve de plus logique que les filles.
Rapide historique de l'accès à l'instruction par les Tunisiennes
Autrefois, les familles limitaient le niveau d'instruction des filles : certificat d'études, 6ème, quelques années dans le secondaire... Le meilleur avenir pour une jeune fille était le mariage, nous rappelle le Docteur Memni. Les filles devaient avant tout apprendre à être de parfaites femmes d'intérieur en excellant dans les tâches ménagères, la cuisine, la couture et l'éducation des enfants.
"Dans les années 60, une des causes de l'abandon scolaire était l'obligation pour les filles d'assurer les travaux domestiques. En rentrant de l'école, la vaisselle les attendait, ainsi que les petits frères et les petites sœurs. Avant de dormir, elles faisaient les lits de tous les frères, plus âgés ou moins âgés, peu importe, et le matin, dès le réveil, elles empilaient sur ces lits les vêtements que ces garçons devaient porter. Elles se sont jurées de ne pas faire vivre ces soumissions à leurs filles, la modernisation de la société les a beaucoup aidées."