A l'époque de l'Egypte antique, les administrateurs supervisaient les travaux des agriculteurs en se basant sur un calendrier précis pour organiser le début des semailles et l'époque des récoltes.
Dans l'Egypte antique, au temps des pharaons, le Nil était la première source de richesse et d'abondance. Presque toutes les cités et les temples étaient installés près du fleuve. Ses eaux irriguaient les champs et donnaient de bonnes récoltes. Les felouques transportaient les marchandises et les personnes. Les papyrus dont on faisait du papier poussaient sur les berges.
Ce calendrier dont s'est inspiré le calendrier grégorien que nous utilisons aujourd'hui dans le monde entier, comptait 11 mois de 30 jours et 1 mois de 35 jours.
A l'origine, les mois égyptiens ne portaient pas de noms, on les désignait par "le premier mois, le deuxième mois, le troisième mois"... ainsi de suite. Puis, vers 2500 avant notre ère, on décida d'attribuer à chaque mois un nom, un dieu et un proverbe en rimes dans la langue d'origine, ce qui facilita leur mémorisation.
Les mois de l'année au troisième millénaire avant J.-C.
Le calendrier égyptien commence à la mi-juillet. - Premier mois (mi-juillet) : Thot. Ce mois qui porte le nom du dieu de la Connaissance, est celui des principales semailles dans la vallée du Nil, à l'exception des céréales. On plante des grenadiers, des oliviers. Le proverbe du mois de Thot est "Au mois de Thot, tu sèmeras sans faute".
- Deuxième mois (mi-août) : Baba. Ce serait le petit nom donné par le peuple au dieu qui fait pousser les plantes, Ba nebdjedet. Durant ce mois béni par Baba, on soigne les palmiers dattiers, on plante les vignes de raisin et les bulbes de taro. Le proverbe de ce mois est "Qui sème avec la bénédiction de Baba, est protégé des maraudeurs".
- Troisième mois (mi-septembre) : Hathor. C'est le nom de la déesse de la beauté, de l'amour et de la joie. Durant le mois d'Hathor, on plante des fleurs et des plantes grimpantes décoratives dans les jardins, comme le suggère le proverbe "Qui dit Hathor, dit giroflée d'or".
- Quatrième mois (mi-octobre) : Koyhak. Ce mois béni par le dieu Osiris, est l'un des plus importants du calendrier agricole puisqu'il est dédié aux semailles de blé, d'orge et de luzerne. Les céréales étaient indispensables à la préparation du pain. Comme dit le proverbe, "Qui sème pendant Koyhak, s'assure une bonne tablée pour toute l'année!".
-Cinquième mois (mi-novembre) : Touba. Ce mois qui signifie "offrande" est placé sous la protection du dieu Amon-Ra. Durant ce mois, on plante les haricots verts et la bourdaine, un arbrisseau dont on utilise les rameaux pour confectionner des paniers. Et le proverbe du mois est "Touba, puisses-tu aider les hommes à surmonter l'humidité et le froid!".
- Sixième mois (mi-décembre) : Meshir. On associe ce mois au dieu de la guerre et des cyclones, Mintou. Il est d'usage de ne pas cultiver la terre durant Meshir car selon le proverbe "Avec Meshir viennent le tonnerre et les orages". Durant ce mois, les agriculteurs se reposent... grand bien leur fasse!
- Septième mois (mi-janvier) : Baminout ou Paminout. Durant ce mois béni par Amon, qui est doux sur les rives du Nil à l'époque de l'Antiquité, on plante des arbres fruitiers et on prépare du lait caillé. On dit qu' "Avec Baminout, le froid s'en va et les beaux jours arrivent".
- Huitième mois (mi-février) : Birmoutet ou Pirmouti. Ce mois est sous l'influence de la déesse Rénénoutet, protectrice des récoltes. Durant ce mois, on commence à récolter le miel produit par les abeilles d'élevage (les Égyptiens anciens ont inventé l'apiculture), on cultive le concombre et la corète potagère, dont les feuilles servent à préparer le traditionnel ragoût Mouloukhya bien connu en Egypte, en Syrie, en Tunisie et en Algérie. Selon le proverbe, "A Birmoutet, tout croît sans efforts".
- Neuvième mois (mi-mars) : Pishnès ou Bashnès. Ce mois est sous la protection du dieu de la Lune, Khonsou. Au cours de ce mois, on commence à récolter les fruits et on cueille les roses blanches, car leur couleur évoque celle de la Lune. Le proverbe de ce mois est "A Pishnès, commence les récoltes!"
- Dixième mois (mi-avril) : Piounet ou Biounet. Ce mois est sous la protection de la déesse des métaux précieux, Ouadjet. Au cours de ce mois, on récolte les melons, les pêches, les abricots et les mûres, qui sont à point. Le proverbe dit "A Piounet, les fruits sont mûrs".
- Onzième mois (mi-mai) : Abib. Ce mois est sous la protection du dieu du Nil, Abib. Au cours de ce mois, on finit de consommer le miel, on récolte les figues, les poires et le raisin des vignes et on ramasse le raisin que l'on a fait sécher. Comme dit le proverbe, "Abib est le mois où l'on se régale de raisin frais et sec".
- Douzième mois (mi-juin) : Misra. Ce mois est sous la protection du dieu solaire Ra; Misra signifiant "fils de Ra" donc "fils du Soleil" Mis voulant dire fils et Ra= le dieu solaire.C'est ce qui a donné le nom de l'Egypte, les Egyptiens en effet appellent leur pays Misr مصر
Il compte 35 jours et non pas 30 comme les autres, c'est donc le mois le plus long de l'année. Au cours de ce mois, on récolte les citrons, les pommes et les grenades. Comme à l'époque de l'Antiquité ce mois est celui des inondations, on dit qu' "A Misra, le fleuve déborde et les terres s'abreuvent".
Des saisons étranges
Les semailles et les récoltes se faisaient à des moments qui peuvent nous paraître incongrus de nos jours. Pour quelles raisons ? Très certainement parce que les saisons étaient différentes de celles que nous connaissons : en janvier il faisait doux, alors que de nos jours en Méditerranée il fait froid, et en juin, il y avait des inondations dues aux pluies torrentielles, alors que c'est un mois plutôt sec aujourd'hui. Il faut savoir que l'inclinaison de la Terre d'il y a cinq mille ans est différente de l'actuelle, or elle a des répercussions sur la température et les saisons.
Toutefois, on peut se demander si les administrateurs égyptiens n'auraient pas mieux fait d'intervertir les noms du 11ème et du 12ème mois: il aurait été pertinent que le mois ensoleillé d'Abib soit celui de Misra et le mois de Misra, durant lequel le fleuve du Nil débordait, celui d'Abib! Et ce, d'autant plus que la crue du Nil était domptée par le dieu Abib selon la légende. Mais n'oublions pas que les anciens Egyptiens étaient très superstitieux : ils n'ont peut-être pas voulu offenser le puissant dieu du Soleil en ne lui attribuant pas le dernier mois de l'année. De cette façon, le cycle du calendrier solaire se termine par... un mois solaire. Les prêtres égyptiens ne laissaient rien au hasard! Rê, le grand dieu d'Héliopolis, que les Grecs eux-mêmes ont baptisé ville du Soleil était le symbole même de la victoire.