Si de nombreux pays arabes ont été choqués et se sont sentis trahis par le processus de rapprochement initié il y a quelques années par les Emirats Arabes Unis à l'égard d'Israël, qu'en sera-t-il du Maroc qui est en train de sceller un pacte avec l'Etat hébreu qui va bien au-delà. Le plan israélo-marocain ne consiste pas en de "simples" accords de normalisation tels que ceux conclus à l'automne 2020, déjà choquants en eux-mêmes quand on sait que les dirigeants marocains continuent par ailleurs de clamer leur soutien au peuple palestinien qui souffre chaque année un peu plus de son oppresseur tyrannique et colonisateur.
En effet, le Maroc n'a finalement pas mis longtemps à franchir les étapes d'un processus de rapprochement radical. En ce 24 novembre 2021, le Maroc et Israël signent un accord unique, sans précédent, de défense militaire commune.
Accord public sans précédent
Rappelons qu’en 2020, le Maroc ou plutôt le Makhzen, prenait la décision d’établir des liens diplomatiques avec Israël. Un an plus tard, le ministre israélien de la Défense Benny Gantz s'est rendu au Maroc et les deux pays ont signé un accord militaire que Gantz a qualifié de "sans précédent".
L'Egypte a été le premier pays arabe à se diriger vers la normalisation après la guerre de Yom Kippour, en 1978. À cette époque, les accords de Camp David ont été signés sous la pression des États-Unis. L'Egypte est devenue le premier pays arabe à reconnaître officiellement l'État d'Israël, après 30 ans d'existence. Le deuxième pays à faire de même était la Jordanie en 1994. Bien évidemment, ces accords ne reflètent pas la volonté populaire mais sont le fruit de pressions militaires et diplomatiques. Une "paix" imposée par la force... Parmi les paradoxes de la politique, mêlés de mensonges et de tromperie, Israël n'a pas pu développer de réelle coopération avec l'Égypte et la Jordanie pendant 43 ans et 27 ans de relations, respectivement.
Ces deux pays arabes ont coopéré avec l'État hébreu d'autant qu'ils partagent une frontière. S'ils ont coopéré dans le domaine de la sécurité, il n'y a pas eu d'accord militaire avec Israël sur les questions de défense. Contrairement à ce que fait le Maroc maintenant qui noue des liens avec Israël sans aucune pression extérieure: bien au contraire, c'est le Makhzen qui est demandeur!
Souveraineté du Sahara occidental
Israël a obtenu un niveau de coopération avec le Maroc incomparable avec d'autres pays arabes après seulement 16 mois. C'est dire comme les dirigeants marocains se sont empressés de conclure ces accords. Israël a reconnu publiquement la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, l'un des buts recherchés par le pouvoir marocain. Entre Etats colonisateurs, on sait s’entendre et se soutenir.
Depuis près d'un an, les deux parties répètent que leur relation remonte à des décennies et qu’ils ne font qu'officialiser maintenant les choses. Mais cette vitesse et cet empressement à collaborer dans le domaine de la défense militaire soulève des questions légitimes.
L'Algérie est l'ennemi commun!
On peut se demander pourquoi il existe un protocole, semblable à un accord de défense, avec le Royaume du Maroc, géographiquement éloigné d'Israël, et pas avec ses voisins, avec lesquels il est censé partager les mêmes préoccupations sécuritaires vis-à-vis des "groupes djihadistes" au Moyen-Orient. Ou avec d'autres pays qui ont formalisé leurs relations avec l'entité? Les relations entre Israël et le Maroc sont très éloignées des relations que l'Etat hébreu entretient avec les Emirats Arabes Unis, Bahreïn et le Soudan.
Dans les relations internationales, ces accords supposent l'existence d'une menace ou d'un ennemi commun. Ces deux pays considèrent l'Algérie comme la cible à abattre, et récemment, ni le Maroc ni Israël n'ont tenté de le cacher.