Lorsqu'en avril 2021, Ibrahim Ghali fut accueilli en Espagne pour lui permettre de profiter de soins médicaux contre le Covid-19, le ministre espagnol des Affaires Etrangères, Madame Arancha Gonzalez a estimé qu'il fallait être très discret.
En effet, Ibrahim Ghali est le leader du mouvement Front Polisario, qui lutte contre le Maroc pour obtenir l'indépendance du Sahara Occidental. Monsieur Ghali vit en tant que réfugié en Algérie, et le voisin marocain aurait forcément profité de ce déplacement en Espagne pour exiger son extradition afin de le juger pour "actes de terrorisme". Mais le gouvernement espagnol a préféré soigner Monsieur Ghali sous une fausse identité, dans le plus grand secret et l'avait autorisé à retourner en Algérie.
Crise diplomatique avec le Maroc
L'arrivée d'Ibrahim Ghali en Espagne a provoqué une grave crise diplomatique entre Madrid et Rabat. Les conséquences ont été multiples : Fin de la coopération entre les deux pays concernant la lutte contre le terrorisme, fin des accords concernant les flux migratoires, puis le ministre espagnol des Affaires Étrangères a été limogé. Le Maroc a également volontairement laissé passer un très grand nombre de migrants vers l'Espagne et plus récemment, en mars 2022, Madrid annonçait un revirement brutal de sa position sur la question du Sahara occidental, prix à payer pour apaiser la colère des Marocains.
Toutefois la situation des Espagnols est très compliquée, car c'est avec l'Algérie que l'Espagne s'est brouillée en agissant ainsi. Or l'Espagne dépend de l'Algérie dans de nombreux domaines, notamment dans l'approvisionnement de son énergie. C'est clairement une période très difficile à gérer pour l'Espagne.
Plainte auprès de la justice Espagnole
Monsieur Ghali faisait l'objet d'une enquête conduite par un juge du tribunal de Saragosse suite à deux dépôts de plaintes le visant pour "tortures" et "génocide". Après avoir été entendu par la justice le 1er juin 2021 depuis l'hôpital espagnol où il était soigné, Ibrahim Ghali a pu dès le lendemain regagner l'Algérie, principal soutien du Front Polisario. Le juge espagnol qui a procédé à son audition a décidé de ne prendre aucune mesure coercitive à son encontre. Le juge a justifié sa décision par le fait que "le rapport de l’accusation […] n’a pas apporté d’indices" montrant que le chef du Polisario était "responsable d’un quelconque délit".
Rappel de la situation du Sahara Occidental
Depuis le départ de l'Espagne, ancienne puissance coloniale, en 1975, un différend fait rage entre le Maroc et le Front Polisario au sujet du Sahara occidental, que l'ONU qualifie de "territoires non autonomes".
Le Maroc propose de lui accorder une autonomie sous sa souveraineté, tandis que le Front Polisario demande l'organisation d'un référendum d'autodétermination.