Imbécilité est issu du latin imbecillitas ("manque de force physique et de réflexion"). "Caractère de celui qui est plus ou moins incapable de raisonner, de comprendre et d’agir judicieusement." Définition relevée dans le Wikionnaire.
La légende urbaine veut que les méfaits que les sociétés humaines subissent soient toujours causés par des pervers très intelligents. Mais permettez-nous d’en douter ! Le plus souvent, vous remarquerez qu’il y a à l’origine d’actes stupides et destructeurs… des auteurs imbéciles et destructeurs. Ces derniers passent souvent entre les mailles du filet car ils inspirent plus de pitié que de méfiance par rapport aux personnes intelligentes. Bêtes et méchants, les imbéciles agissent le plus souvent pour satisfaire leur propre intérêt et les conséquences de leurs actes peuvent être désastreuses ! Mais contrairement au pervers intelligent, qui, souvent, trouve du plaisir à détruire et à faire du mal pour compenser un vide existentiel, l’imbécile n’a pas une intention particulière... Il est destructeur, point. Un vieux Larousse de psychiatrie datant du début du 20e siècle affirme que l'on trouve beaucoup de voleurs et de souteneurs (maquereaux) parmi les imbéciles ! Mais les imbéciles ne sont-ils pas mieux tolérés dans nos sociétés, finalement ? Selon nous, oui. Pourquoi ? Probablement parce qu'ils ne donnent pas de complexes aux intelligents qui manquent de confiance en eux. L'imbécile fait pitié...
Cela a été compris par beaucoup de gens intelligents qui veulent avoir la paix. En effet, pourquoi s’attirer des ennuis en se comportant de façon intelligente, lorsqu’on peut les éviter en se comportant comme un imbécile ? Un vieux conte maghrébin conclue d’ailleurs sur l’idée que se faire passer pour un imbécile peut nous éviter des ennuis et même nous permettre d’agir d’une façon qui ne serait pas tolérée chez une personne intelligente :
On raconte qu’un sultan despotique régnait jadis en Afrique du Nord. Doté d’une taille haute et d’un visage très sévère, nul n’osait l’approcher.
Un jour pourtant, un certain Merzouk, jeune berger audacieux, lança un défi à ses amis. Il leur dit "Qui, parmi vous, mes amis, oserait narguer le Sultan ?". Tous se regardèrent dans le blanc des yeux, puis, le plus âgé d’entre eux répondit : "Mais tu es fou ! Oser défier le Sultan, c’est s’assurer la potence à coup sûr !". Le jeune berger ne parut guère impressionné et lança à la cantonade : "Pourtant, moi, je vais cracher à la figure du Sultan !". Il y eut un silence d’étonnement, suivi d’extraordinaires éclats de rire.
Les amis du berger croyaient à une farce. Mais le berger insista : "Je vous assure que j’irai cracher à la figure du Sultan et que je reviendrai indemne.", promit-il à ses amis. Le lendemain matin, le berger acheta un kilo de pommes, chargea son âne et se rendit au Palais du terrible Sultan. Arrivé devant les portes du Palais, il pria les gardes de le laisser entrer en leur disant qu’il venait offrir des présents au Sultan, qu’il adorait. Le Sultan reçut alors le berger, avec des termes peu amicaux :
"- Que veux-tu, misérable mendiant ?
- Ô vénérable, ô Tout-puissant, ô Merveilleux Sultan, je viens t’offrir des pommes de mon verger.".
Le berger, qui s’était approché du Sultan, s’efforçait de loucher et de bégayer tout en tendant son sac de pommes, pour se faire passer pour un imbécile.
Les pommes se disent "tofah" en Afrique du Nord, or, en prononçant ce mot en bégayant (tof-tof-tof-tofah), le berger postillonnait à la figure du Sultan. Ce dernier, incommodé, s’essuya le visage puis dit au berger : "Tu me craches à la figure, le bègue ! Déguerpis !".
Ce faisant, Merzouk le berger fut jeté du Palais, mais il venait de gagner son pari : Il avait craché à la figure du Sultan, tout en échappant à la potence ! La moralité de l’histoire, vous l’avez comprise, c’est qu’il y a des situations où il vaut mieux être un imbécile !
Comment reconnaître l’imbécile dans votre entourage ?
C'est bien simple : Il vous rend chèvre. Avec lui ou elle, vous en venez à vous demander s’il est possible d’être aussi borné. Pour illustrer cet état, rien de mieux que ce bon vieux proverbe arabe qui dit " J’ai beau lui dire ‘c’est un taureau’, il me répond ‘Trais-le!’ ". L’imbécile est borné, mais il n’est pas à confondre avec le sympathique idiot du village. L’imbécilité n’est pas de la folie douce, elle conduit à des méfaits graves et regrettables. Si les personnes intelligentes savaient se méfier des imbéciles, elles s’épargneraient bien des problèmes...