Hend Sabri vient de proposer une nouvelle série sur la plateforme américaine Netflix intitulée "البحث عن علا" (en français "Ola cherche sa voie").
Hend Sabri, une actrice engagée
Hend Sabri est une femme tunisienne née à Tunis en 1979 (42 ans). Elle s'est mariée avec un Egyptien en 2008 et vit au Caire, en Egypte, avec ses deux enfants. Avocate de formation, sa carrière en tant qu'actrice débute très tôt en Tunisie, mais se développe essentiellement en Egypte.
Hend est francophone et n'est pas une inconnue pour la France: elle a été décorée de la médaille d'Officier de l'Ordre des arts et des lettres. De plus, elle est également ambassadrice de la marque de produits cosmétiques Garnier.
Hend est aussi une militante des droits de la femme: elle souhaite obtenir une égalité homme-femme dans le monde arabe. Un engagement qui est particulièrement perceptible dans la série "Ola cherche sa voie".
"Ola cherche sa voie" une suite tragi-comique à "Je veux me marier"
Depuis le 3 février, la série "Ola cherche sa voie" est disponible sur la plateforme Netflix. La série compte six épisodes de 45min chacun et met en vedette l'actrice tunisienne Hend Sabry, qui interprète le rôle principal: celui de "Ola Abdel Sabour", une femme au foyer qui vit avec son mari "Hisham", interprété par l'acteur égyptien Hany Adel. Le jeu des acteurs est agréable et arrive à rendre cette comédie vivante. La série fait aussi appel au personnage, par ailleurs incontournable, de "Reda", la meilleure amie "d'Ola", jouée par l'actrice Nada Musa, ainsi que la mère de "Ola", un personnage assez savoureux interprété par Sawsan Badr.
Le public égyptien avait montré un grand intérêt pour le film "Je veux me marier", 12 ans auparavant, dans lequel Hend jouait déjà le rôle de "Ola", à la recherche d'un homme pour se marier. Ainsi, la série "Ola cherche sa voie" reprend le personnage populaire et propose une suite à ses aventures.
Ola, 12 ans après, est donc mariée à un charmant psychothérapeute et s'occupe de ses deux enfants et de son foyer à plein temps. Dès les premières minutes de la série, Ola est confrontée à la décision unilatérale de son mari: il veut divorcer. Une situation entourée de hontes et de tabous dans la société égyptienne contemporaine qui est ici abordée d'une façon brutale et franche.
Hend Sabri a expliqué que son film représente la réalité actuelle des femmes en Egypte et déclare traiter avec modernité de la question sociale des femmes divorcées dans les pays du monde arabe. Selon l'actrice et productrice de la série, le comportement de son personnage "Ola Abdel-Sabour" reflète les moeurs d’aujourd’hui ; elle veut montrer à quel point le destin des femmes a changé au cours de la dernière décennie. Les femmes arabes ont obtenu plus d'indépendance suite à la banalisation de leur accès au monde du travail. Elle cherche à expliquer que les femmes, en particulier celles qui sont confrontées à un divorce, peuvent faire face plus facilement aux défis de la vie et reprendre leur vie en main lorsqu'elles ne dépendent pas financièrement de leur mari.
La série essaye de démontrer que le divorce ne signifie pas la fin de la vie et que la crise de la quarantaine peut entraîner des changements radicaux dans la vie d'un couple. Ainsi, "Ola" se lance dans un voyage de recherche de soi. Elle s’affranchit des personnes qui pouvaient traditionnellement la conseiller ou décider à sa place. Elle affronte tous les problèmes qui découlent de la fin d'une vie bien rodée, et ceux que l'on rencontre lorsque l'on cherche à construire sa vie personnelle et professionnelle. Elle suit un parcours initiatique qui est censé lui apprendre à penser plus à elle-même. Toutefois la série démontre que chercher un équilibre entre sa vie de mère divorcée et celle d'entrepreneure est loin d'être simple.
Notre avis
Tout d'abord un grand bravo sur la forme: les acteurs sont agréables et jouent bien leur rôle, des acteurs âgés aux enfants ainsi que, bien sûr, les acteurs interprétant les personnages principaux. Ensuite, on sourit souvent, certaines situations cocasses et certaines tirades valent bien le détour, croyez-nous!
A l'inverse, le sujet est grave et, forcément, les six épisodes transmettent un sentiment de malaise, de grande tristesse et parfois les scènes sont pathétiques. Bien que la série présente une bonne qualité dans les décors et les accessoires, l'ambiance ne reflète guère la société égyptienne réelle: toute la série pourrait s'adresser à un public américain, il ne serait absolument pas dépaysé.
On sent excessivement l'influence américaine dans chaque scène: 4x4 flambants neufs, hamburgers, barbecue dans le jardin et autres flambées de marshmallow dans un feu de camp entre jeunes lors d'une randonnée, sont très clichés. Même le générique et certaines scènes nous donnent la sensation de regarder un remake de "Sex in the City" ou "Desperates Housewives". La série semble plaider pour le style de vie des sociétés occidentales de façon encore plus flagrante lorsqu'on ne visionne pas les épisodes en langue arabe. D'ailleurs, même dans les dialogues, il arrive que les personnages vantent ouvertement les bienfaits d'être une femme en Europe ou en Occident. Si on peut envier certaines libertés et les droits que les femmes ont obtenus en occident, il ne faut pas oublier néanmoins que la vie des femmes n'y est pas forcément enviable (agenda surchargé ainsi qu'une famille et une maison à gérer, et ce, sans mari pour aider). Pour autant, "Ola cherche sa voie" n'a rien à envier aux séries étrangères et démontre qu'avec du talent et des moyens, il est possible de faire aussi bien que les séries US à grand succès.
"Ola cherche sa voie" illustre le fait que le travail permet aux femmes de toujours rebondir, et accorde une seconde chance pour tout recommencer. Au-delà de la fiction, l'histoire de Ola peut apparaître comme un prétexte à l'ouverture d'un débat dans les sociétés arabes qui accordent, à ce jour, toujours autant de valeur à la famille traditionnelle, au mariage, dans un modèle où l'homme travaille et la femme se dédie à ses enfants et son foyer. La série tire à boulets rouges sur l'institution du mariage et le tourne, assez violemment, en dérision. Pour sûr, cette série ne passera pas inaperçue et engendrera de vifs débats. Si les femmes doivent pouvoir choisir leur vie et être toujours maîtresses de leur destin, espérons toutefois que les artistes et influenceurs n'imposent pas comme seule évolution possible aux sociétés arabes le modèle occidental qui peut s'avérer être une catastrophe à bien des égards.
Le mieux, c'est bien sûr de vous faire votre propre avis, nous vous recommandons de voir la série sur Netflix, disponible en arabe, français, espagnol et anglais: https://www.netflix.com/watch/81270551
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