Savez-vous que selon le Coran, on doit faire acte de charité envers les non-musulmans, avant même de donner aux musulmans ? En effet, c’est un plus grand mérite pour un musulman de donner l’aumône, la sadaqa (volontaire) et la zakât (obligatoire) à des non-musulmans pour gagner leurs cœurs.
'Sache qu’on ne peut donner la Zakât qu’aux catégories de personnes qu’Allah a exposées dans Son Livre, Allah dit :
Les sadaqâts ne sont destinés qu’aux pauvres, indigents, ceux qui travaillent, ceux dont les cœurs sont à gagner (à l’Islam), l’affranchissement des jougs, ceux qui sont lourdement endettés, dans le sentier d’Allah, et pour le voyageur (en détresse). C’est un décret d’Allah! Et Allah est Omniscient et Sage (Sourate 9 - At-Tawbah : 60)'
1 – Les indigents : Les indigents sont ceux qui ne trouvent rien pour vivre et ne peuvent avoir leur subsistance par eux-mêmes, ou n’en trouvent qu’une partie mais insuffisante. Il faut leur donner suffisamment de quoi vivre une année complète.
2 – Les pauvres : leur condition est meilleure que celle des indigents, le pauvre est celui qui trouve presque suffisamment de quoi vivre ou la moitié. On lui donne de la Zakât, le complément qui va lui suffire à vivre une année entière.
3 – Ceux qui travaillent à la percevoir : ils sont ceux qui la collectent, la protègent et la distribuent à ceux qui la méritent sous l’ordre du gouverneur des musulmans. On leur donne de la Zakât un salaire pour leur travail. Aujourd’hui, les collecteurs sont payés par l’Etat, lorsqu'il s'agit d'un pays musulman. Il leur est donc interdit de prendre quoi que ce soit de la Zakât pour leur travail, car ils ont déjà reçu un salaire pour leur travail.
4 – Ceux dont on veut approcher les cœurs : mécréants et musulmans. On peut donner la Zakât au mécréant si on espère sa conversion à l’islam afin de renforcer son intention et sa motivation, ou si en lui donnant la Zakât on va protéger les musulmans de son mal. Quant au musulman, on peut lui donner de la Zakât pour renforcer son din.
5 – Pour affranchir (les esclaves) : ils sont ceux qui sont faits prisonniers et qui ne trouvent pas de quoi se faire libérer, on peut alors donner de quoi payer la rançon et les libérer de leur joug. Il est aussi permis au musulman d’acheter un esclave avec sa Zakât et de l’affranchir. Il peut aussi racheter avec la Zakât le prisonnier musulman, car en faisant cela on libère le musulman de la captivité.
6 – Ceux qui se sont lourdement endettés : ils sont de deux types :
Celui qui s'est endetté pour d’autres, par exemple s’il y a litige entre deux villages qui amène entre eux haine et inimitié, quelqu’un peut s’interposer et donner une partie de ses biens en compensation pour résoudre le litige entre les deux villages ou les deux tribus, afin de mettre fin à cette querelle. Celui qui fait cela aura fait un grand bien et il lui est permis de prendre de la Zakât afin que cela ne le prive pas de tous ses biens et afin d’encourager cet acte noble qui met fin aux querelles et aux troubles. Plus encore, le Législateur a clairement exposé ce cas, comme il est rapporté dans le Sahîh Muslim d’après Qubaysah qui dit : "Je me suis acquitté d’une dette (pour un autre) et le Prophète (salallahu ’alayhi wasalam) m’a dit : "Reste jusqu’à ce que les aumônes (Zakât) nous arrivent, afin que nous ordonnions qu’on te la donne."
Celui qui est s'endetté pour lui-même, comme celui qui veut acheter sa liberté à un mécréant, ou celui qui a une dette qu’il ne peut régler. On lui donnera alors de la Zakât de quoi payer sa dette.
7 – Dans le sentier d’Allah : c’est-à-dire donner à ceux qui sont partis combattre et qui ne perçoivent pas de salaire (du gouverneur), car le sens général de "sur le sentier d’Allah" est le combat, Allah dit : "Allah aime ceux qui combattent sur Son sentier" (As-Sâff : 4) et Il dit : "Combattez sur le sentier d’Allah." (Al-Baqarah : 190).
8 – Le voyageur (dans le besoin) : c’est-à-dire le voyageur stoppé dans son voyage du fait qu’il n’a plus d’argent ou qu’il l’a perdu. (Littéralement dans le verset : "Fils du chemin") ainsi on a nommé celui qui est sur les routes "fils du chemin". On peut lui donner ce qui va lui permettre de rentrer chez lui, et s’il est en chemin vers un autre pays, on va lui donner ce qui lui permettra de s’y rendre et de revenir chez lui. Entre dans cette catégorie : l’invité comme l’a dit Ibn ‘Abbâs et d’autres. Et si on donne quelque chose au voyageur, au combattant, à l’endetté ou au prisonnier et qu’il en reste quelque chose après avoir comblé leur besoin, ils doivent le rendre, car ils ne possèdent pas totalement ce qu’on leur a donné, mais uniquement ce qui leur est nécessaire. Cela ne leur est dû qu’en raison d’une cause et si cette cause disparaît le droit aussi disparaît.
A qui il est de coutume de ne pas donner la Zakât
Il n’est pas permis de donner la Zakât à une femme pauvre si elle est prise en charge par son mari riche, ni au pauvre s’il a un proche riche qui le prend en charge, car ils peuvent se passer de prendre de la Zakât.
Il n’est pas permis de donner la Zakât aux proches dont la prise en charge est obligatoire, car ce faisant celui qui agit ainsi "protègerait" son argent. Quant à ceux qu’il prend en charge par bonté (et non par obligation) il peut leur donner de sa Zakât.
Ainsi, Al-Bukhârî rapporte que l’épouse de ‘Abdullah a interrogé le Prophète (salallahu ’alayhi wasalam) à propos de deux neveux orphelins qu’elle élevait, si elle pouvait leur donner sa Zakât ? Il répondit que oui.
Il n’est pas permis de donner la Zakât aux ascendants qui sont les parents et grands-parents, ni aux descendants qui sont les enfants et petits-enfants.
Il n’est pas permis de donner la Zakât à l’épouse car elle n’en a pas besoin étant donné qu’il doit la prendre en charge, et que ce faisant il "protègerait" son argent.
Le musulman doit s’assurer de la situation de ceux à qui il donne sa Zakât, s’il la donne à celui dont il pense qu’il la mérite, puis il lui apparaît qu’il ne la mérite pas, cela ne lui sera pas reproché, en revanche, s’il donne sa Zakât à qui ne la mérite pas, volontairement, il commet un péché. Il suffit que la personne qui demande ait l’air indigente pour qu’il puisse donner sa Zâkat, car lorsque deux hommes sont venus demander l’aumône au Prophète (salallahu ’alayhi wasalam), il les a regardés et a vu qu’ils étaient robustes, il leur dit : "Si vous voulez je vous en donne une part, mais (sachez) que ni le riche ni l’homme fort et capable n’y a droit." (Abû Dâwûd).