Savez-vous quelles pratiques, selon l'Islam, adopter concernant le deuil? Il apparaît que certaines pratiques relèvent de l'innovation. Dans le contexte de l'islam sunnite et notamment du salafisme, l'innovation désigne une tradition qui s'éloigne du Coran.
Des croyants ont posé des questions à des imams et nous avons trouvé que, bien que le sujet ne soit pas réjouissant, il faut bien l'admettre, les réponses sont intéressantes et mettent en lumière la difficulté de nos jours de repérer des pratiques ou des habitudes qui relèvent d’une pratique ancienne, remontant à l’époque du polythéisme et qui ne sont donc pas celles de l'Islam.
Faut-il faire la fête au quatrième jour du deuil?
Les Imams sont formels: faire la fête n'a aucun fondement, c'est plutôt une innovation et un mal!
Cette habitude remonte à la Jahiliyyah: la djāhilīya (en arabe : جاهِليّة [jāhilīya], du mot jahl (جَهْل) qui signifie ignorance humaine), désigne dans le Coran la période antéislamique, caractérisée par le polythéisme sur le territoire de l'Arabie.
Il n'est donc pas permis aux personnes en deuil d'organiser des fêtes pour le défunt, ni le premier jour, ni le quarantième jour, ni n'importe quel autre jour... Au contraire, les personnes en deuil devraient louer Dieu, être patients et Le remercier... En fait, à l’époque de la Jahiliyyah, on pensait que durant une période de 40 jours, l'âme reste dans la tombe.
Peut-on présenter ses condoléances à la famille d’un défunt qui a commis des péchés ?
Il n'y a rien de mal à présenter des condoléances. Au contraire, c'est souhaitable même si le défunt a été désobéissant en se suicidant ou d'une autre façon. C'est également souhaitable pour la famille d'une personne qui a été tuée en représailles ou en punition, telle la punition de l'adultère d'un homme marié, ou encore pour la famille d’un homme qui était alcoolique. Le pécheur n’est pas considéré comme apostat c'est-à-dire comme une personne ayant renié sa religion.
Quelles consignes donner aux pleureuses
Dans les familles musulmanes, il y a des pleureuses, elles ne sont pas payées et font partie de la famille! Elles ont pour rôle de pleurer le défunt, avec une certaine exagération, il faut bien le reconnaître. On leur dit: "Que Dieu t’accorde la consolation", ou: "Dieu ne reprend pas ce qu'il a donné, et tout a une fin, alors soyez patiente".
Pour la personne endeuillée, une bonne prière consiste à dire: "Je demande à Dieu de m'aider, je demande à Dieu de m'aider, louange à Dieu!".
Bizarrement, dans l'Arabie préislamique, il était d'usage que les femmes portent le deuil en pleurant bruyamment. Les familles riches embauchaient souvent des "pleureuses" pour assister aux funérailles de leur parent décédé. Les lamentations lors des funérailles ne sont plus autorisées selon le Sahih Bukhari.
En France (en Gaule), cette tradition était pratiquée dans l’Antiquité, cette activité était tout à fait banale en Égypte, en Grèce, dans la Rome antique, comme en attestent de nombreuses représentations picturales et témoignages écrits.
On ne pouvait alors envisager de cérémonial funèbre digne de ce nom sans recourir à leurs services. Elles peuvent obtenir le pardon pour le défunt et ainsi il sera de fait lavé de ses péchés...
Décision sur la famille du défunt de se réunir pour prier et implorer pour lui
Les cheikhs sont unanimes ; que l’on se rassemble dans la maison du mort pour manger, boire et lire le Coran ou pour prier pour lui, tout est une innovation, c’est une hérésie. Il faut présenter ses condoléances à la famille et prier pour eux...
Réciter le Coran sur le mort, placer le Coran sur son ventre, et les funérailles ont-elles une période limitée?
La récitation du Coran sur les morts ou sur la tombe n'a pas de base valable, ce n'est pas permis, c'est plutôt une innovation, et par ailleurs nous n’avons aucune idée d’où peut venir la coutume consistant à placer le Coran sur le ventre, mais cela n’est pas une prescription du Coran. Des érudits, toutefois, ont mentionné qu’il fallait poser un objet lourd en métal ou quelque chose de lourd sur son estomac, après la mort afin que le mort ne gonfle pas. Quant au deuil, il n'a pas de jours limités, mais les cheikhs considèrent plutôt qu’à partir du moment où l'âme part et après la prière pour les morts, il est conseillé de cesser de le pleurer.
En pratique, donc, le deuil ne peut durer plus de deux jours. Sauf pour l’épouse du défunt, qui doit porter le deuil quatre mois et dix jours, durant lesquels elle ne devra pas sortir de chez elle sans nécessité ni s’habiller de façon à attirer les regards.