Mohamed Hijazi est un chanteur libanais qui était très populaire auprès du public dans les années 80. Il s'était retiré de la scène artistique à cause des conditions de vie difficile au Liban en ce temps-là. Durant sa carrière, M. Hijazi a produit trois albums: "Hobak Ya Wala", "Naam Ya Harir" et "Aam Jédid". On a réussi à interviewer le chanteur qui dévoile ainsi la raison de son absence, ses projets artistiques et ses relations avec d'autres artistes connus.
Quelles sont les raisons de votre longue absence de la scène artistique?
MH: J'espère ne jamais avoir à revivre cela! Durant mes études au Liban, il y avait une terrible guerre, la vie était infernale. C’est cette situation intenable qui m'a fait partir à l'étranger. C'était un vrai déchirement que de quitter ma patrie. En partant, j'ai aussi abandonné la scène libanaise. J'ai vécu depuis comme un déraciné, comme Sinbad le marin, n'arrivant pas réellement à rester en place. J'ai d'ailleurs vécu à Londres, à Paris en passant par plusieurs endroits en Afrique.
Vos anciennes chansons sont encore de nos jours très populaires, quel est le secret d'une telle longévité de vos succès?
MH: Je pense que le succès de mes chansons vient du fait qu'elles touchent les gens directement au coeur. De plus, les paroles de ces chansons populaires sont fédératrices et respectueuses de tous: elles ne blessent personne.
Vous appréciez particulièrement la chanteuse Sabah et Mme Fairouz, pourriez-vous nous parler d'elles?
MH: En effet j'adore ces deux chanteuses.
La regrettée Sabah était une personne gentille et généreuse, particulièrement attentionnée avec sa famille. Elle était toujours prête à aider toute personne dans le besoin. Par contre, j'ai constaté un grand changement chez elle suite à son dernier mariage. Cette relation toxique ne lui a pas fait du bien. L'attitude de son mari a gravement entamé son envie de vivre. Je l'ai sentie blessée par ce mariage.
Pour Madame Fayrouz, elle est vénérée partout et pour toujours. Elle peut s’absenter du devant de la scène et pourtant "Fayrouz restera Fayrouz". Elle est unique. Elle est une véritable légende. Son apparence change avec le temps, avec l'âge, mais la splendeur de la chanteuse et de son oeuvre restent inchangés. Madame Fayrouz qui chante "Je t'aime, Liban", il n’y a rien de plus beau et de plus grand que cette chanson, selon moi.
Êtes-vous présent sur Internet, sur les réseaux sociaux?
MH: En fait, j'ai commencé à utiliser les outils de communication sur Internet que très récemment. Je suis maintenant présent sur la plupart des médias sociaux. C'est indéniable, ces outils permettent à de nombreuses personnes d'entrer en contact direct avec qui elles souhaitent. Ces échanges font gagner beaucoup de temps.
Que pensez-vous des productions artistiques de nos jours?
MH: Pour moi, il n'y a plus de productions artistiques de nos jours: pas de paroles, pas de mélodie, au niveau artistique c'est inexistant. Si tu entends une musique de nos jours, elle sera diffusée pendant une semaine, un mois maximum, et ensuite, tu ne l'entendras plus! En seulement 40 ans, je constate un déclin effrayant du monde de la chanson, du monde artistique dans son ensemble. Je m'interroge: Que fait l'Egypte, la "mère de l'art"? Les artistes égyptiens nous servaient de modèles autrefois. Par exemple, où sont passés les grands noms de la chanson comme Abdel Halim, Farid El Atrache ou encore Muhammad Abdel Wahab? Où sont ces géants du bon vieux temps?
De véritables légendes nous ont quittés et personne aujourd'hui ne reprend le flambeau. Par contre, les belles paroles, les magnifiques chansons que ces artistes d'exception ont produites resteront pour toujours, à mes yeux, le plus bel exemple artistique qui soit.
Vous préparez un nouvel album, pourriez-vous nous en dire plus?
MH: J'ai effectivement préparé plusieurs nouvelles chansons. Je m'apprêtais à les faire découvrir au public prochainement, mais dans le contexte actuel, ce n'est pas très encourageant. Si vous voulez vous lancer dans un projet, tout est beaucoup plus lourd, bien plus coûteux qu'avant. Mon projet initial a vu son coût doubler, à cause des crises que nous traversons. Je me dis que pourtant, la chanson libanaise a plus que jamais besoin d'être valorisée.
Mon nouvel album sera un mélange de la plupart de mes oeuvres précédentes, avec des ajouts nouveautés. Je ne saurais dire pour le moment quand je pourrai le faire découvrir au public, j'espère bientôt.