Farida fait connaitre le maqâm de Bagdad au monde entier

Farida Mohamed Ali, chanteuse baghdadie
Farida Mohamed Ali, chanteuse baghdadie

Farida Mohammed Ali est originaire de Kerbala, dans le sud de l'Irak. Elle s'est produite à Paris le 11 décembre 2021 et le public a pu admirer sa voix et le style de musique irakien maqâm. Vêtue d'un ensemble traditionnel irakien, elle fait partie du groupe "Tchâlghî Baghdâdi". On découvre par son chant le raffinement des anciennes cours royales ainsi qu’un riche répertoire populaire.

Le groupe de Farida utilise pour instrument le santûr, une cithare à cordes frappées  similaire à celle de la tradition persane, et la djôza ou vièle à 4 cordes. Ces deux instruments d’une très grande délicatesse acoustique donnent à la musique irakienne un indéfinissable parfum d’Orient lointain et de senteur d’Asie.

L'art du maqâm irakien

Le terme de maqâm se réfère dans le monde arabe à un mode musical habité par une humeur ou un sentiment particulier. En Irak, dans la tradition classique, il définit à lui seul le chant qui, de manière magistrale, à travers ses cinquante-trois modes, décline une très large palette d’émotions.

Farida et son groupe lors de sa formation en 1992
Farida et son groupe lors de sa formation en 1992

La voix du chanteur ou de la chanteuse brode ses mots anciens ou contemporains, classiques ou populaires. Après un bref prélude instrumental muqadimma, l’art du chanteur ou récitant qârî consiste à déclamer quelques riches vers poétiques issus de la grande tradition de la qasida à l’origine de la poésie arabe et dont encore récemment certains poètes aimaient encore à y puiser leur inspiration.

Le chanteur distille quelques sentences poétiques plus populaires, mawwaâl baghdadi (ou zheiri), avant de conclure dans une envolée rythmée et inspirée d’un répertoire traditionnel plus régional. Cette ponctuation finale fait la transition entre l’aspect inspiré et l’aspect festif du maqâm irakien. Le mawwaâl, l’introduction libre et poétique de tout chant arabe classique où les mots peuvent prendre leur véritable dimension, se compose de sept vers inséparables. Il puise son origine mythique précisément dans la tradition irakienne.

Les artistes féminines sont rares dans le maqâm

Encore très vivant et enraciné chez la majorité des citadins dans les années 60 et 70, l’art des maqâms irakiens se maintient difficilement aujourd’hui, avec la disparition d’une génération de grands interprètes, dans une période de bouleversements politiques, économiques et sociaux.

Si Farida Mohammed Ali a pu s’insérer dans cette grande tradition, c’est entre autres grâce à son origine. En effet, elle est née à Kerbala, ville mythique du chiisme, là où la tradition du chant féminin est admise.

Farida l'explique très bien: "Les sociétés arabes n’ont pas donné aux femmes, comme on le sait, la chance de se représenter sur scène, de s’émanciper et ainsi de participer à la transmission de cet héritage musical. Au sein de cette société dominée par les hommes, grâce à des parents très tolérants et ouverts, j’ai vécu dans un environnement favorable à l’émancipation de la femme. De grands maîtres tels que Munir Bashir, Hussein El Hazami ou mon mari Mohamed Gomar m’ont également beaucoup encouragée. La musique est ma vie: elle est aussi importante pour moi que la boisson ou la nourriture. Il faut savoir que le maqâm est aussi lié au soufisme car il aborde quantité de sujets religieux. D’habitude, d’ailleurs, on ne parle pas de chanteur de maqâm, mais plutôt de récitant. Réciter des maqamat donne réellement le sentiment d’être en harmonie avec l’esprit."

Article original paru sur le site internet de l'Insitut du Monde Arabe - Propos recueillis par François Bensignor pour Mondomix

Découvrez le Maqam irakien par Farida

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Mis en ligne : Jeudi 23 Décembre 2021
 
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