Le 25 juin 2022, le monde occidental célébrait la "journée des fiertés". Au Liban, M. Bassam Mawlaoui, le ministre de l'Intérieur, a ordonné à la police d’empêcher cette célébration. Bien que le Liban soit considéré comme le pays du monde arabe le plus ouvert aux mœurs occidentales, la communauté LGBT ne bénéficie pas d'une grande tolérance.
Par ailleurs, la majeure partie des Libanais vit toujours dans une tempête entre la crise politique majeure, la crise monétaire et les scandales multiples de corruptions et de trafics d'influence impliquant des personnalités politiques. Les nombreux problèmes économiques et sociaux ne cessent de s'aggraver. On peut imaginer qu'organiser la "journée des fiertés", dans ce contexte, est à mille lieues des préoccupations de la population.
Officiellement, c'est la plus haute instance religieuse sunnite, Dar al-Fatwa, qui aurait fait pression sur le ministre afin d'interdire cette fête. Cheikh Abdel Latif Deriane a fait valoir que les relations homosexuelles sont qualifiées par la loi libanaise de "contre nature". Lors d'un discours, le mufti sunnite a rappelé qu'il "ne permettrait pas la légalisation de l'homosexualité". Pour rappel, l'homosexualité est pénalement réprimée au Liban.
Mais c'est suite à une mobilisation sur les réseaux sociaux, appelant à l'organisation de la célébration de la journée internationale "des fiertés" que M. Bassam Mawlaoui a réagi. Il a ordonné aux forces de l'ordre d’empêcher tout regroupement qui ferait "la promotion du phénomène des relations sexuelles contre nature". Ces mesures ne portent pas préjudice à la liberté d’expression car, pour le ministre, "ce phénomène LGBT constitue une violation des habitudes et traditions de la société libanaise, contraire aux principes des religions monothéistes".