Andrée Acouri premier mannequin arabe pour des marques internationales
Aujourd'hui âgée de 82 ans, Andrée Acouri, premier mannequin arabe à défiler sur les podiums internationaux, revient sur une vie remarquable de glamour, de beauté et (presque) sans regrets.
De Rome, où elle vit actuellement, Andrée Acouri sourit avec nostalgie. Âgée de 82 ans, elle revient sur ses années de mannequinat. L'histoire d'Acouri commence en 1962, deux ans après avoir épousé le diplomate italien Italo Livadiotti. "Je ne comptais pas faire carrière dans la mode, et ce, bien que mon père était marchand de tissus et que j'étais attirée par des matières comme la dentelle et la guipure", se souvient-elle.
"Tout a commencé par hasard. J'étais avec ma belle-sœur dans un restaurant en Suisse – je me souviens très bien que je portais un tailleur Chanel – quand un designer bien connu m'a offert la chance de modéliser sa collection". Bien qu'elle ait admis en toute franchise qu’elle n’avait aucune expérience dans le mannequinat, il a insisté. Son intuition ne l’avait pas trompé.
La jeune femme élancée de 1,78 m a avoué avoir appréhendé le fait de se lancer dans cette carrière, mais a rapidement surmonté sa peur et a finalement hypnotisé le public. Alors que son mari l’a soutenue, son père n'était pas du tout d'accord et a refusé de lui parler pendant deux ans. Bien plus tard, elle a découvert qu'il avait l'habitude d'assister à ses spectacles en secret, et a finalement admis qu’il était fier de sa fille, un jour où Andrée assistait à un défilé à Saint-Tropez. "C'est le plus beau cadeau qu’il m’ait fait!", dit-elle en repensant à cet aveu mémorable!
Une enfant de divorcés
Acouri, qui a grandi à Beyrouth, se souvient que ses parents se sont séparés quand elle avait neuf ans. "A l'époque, le divorce était rare", reconnait-elle. "Je n’ai pas eu le droit de voir ma mère. Mon père m'a envoyé dans un internat. J'étais un fauteur de troubles à l'extrême, je ne me souciais pas de l'école. J'étais la maîtresse de mes décisions et je n'ai jamais aimé qu'on me dise ce que je devais faire". Très affectée par sa déconnexion avec sa mère, Violette, Acouri souligne qu'elle a hérité de sa mère la beauté et la féminité. Elle admet que l'une des principales raisons pour lesquelles elle a choisi de faire carrière dans le mannequinat était de montrer sa forte ressemblance avec sa mère.
Après son premier défilé, les défilés se succèdent et elle devient l'un des mannequins les plus convoités des maisons de mode mondiales, de Dior à Nina Ricci, en passant par Chanel et Saint Laurent. Adorée pour son charisme et sa nature lumineuse, Acouri est entrée dans le monde de la mode par la grande porte et a rencontré de grands noms, dont Christian Dior, Nina Ricci et Coco Chanel. "J'étais comme un papillon sur scène, c’était un peu comme si je volais", se souvient-elle. Ricci a joué un rôle essentiel dans sa carrière. Acouri n'a pas seulement été mannequin pour la marque, mais est rapidement devenue l'égérie de la maison pendant sept ans.
Elle a continué à travailler comme mannequin jusqu'à l'âge de 35 ans, ce qu’on considérait comme étant un âge inhabituel pour le mannequinat à l'époque. Elle a également participé à des films publicitaires avec Sylvio Tabet et Rodrigue Dahdah, entre autres.
La carrière d’Andrée Acouri a ralenti après son mariage avec son deuxième mari
Précurseur dans le domaine, Acouri a lancé une école de mannequinat depuis son domicile à Beyrouth. Georgina Rizk fait partie des jeunes femmes qui ont rejoint l'école et ce, dès l'âge de 14 ans. Acouri a encadré le parcours de Georgina Rizk, qui est devenue Miss Liban en 1970 et qui fut la première fille libanaise à remporter le titre de Miss Univers en 1971! Rendez-vous compte: Acouri l’a aidée à réaliser ses rêves.
Acouri, qui a été privée de l'étreinte et de l'affection de sa mère, a eu une fille avec son premier mari. Elle décrit Paola comme son seul et unique précieux trésor. "Ma fille est le plus beau cadeau de ma vie. Je suis fière d'elle et de ses réalisations. Nous sommes très proches", dit-elle. Les deux plus beaux compliments que sa fille lui ait fait sont qu'elle est une mère et une amie incroyable. "Paola m'a accompagnée aux défilés de mode jusqu'à l'âge de neuf ans ; les gens nous appelaient Câline et Calinette", raconte Acouri, faisant référence au surnom de Câline que le cinéaste libanais Sylvio Tabet lui a donné!
Sa carrière a ensuite ralenti après son mariage avec son deuxième mari, Bruno Livadiotti. Malgré les crépitements des flashs des photographes et de la vie de célébrité, Acouri a fait face à une phase douloureuse de sa vie lorsqu'elle a reçu un diagnostic de cancer alors qu’elle était jeune. Eh bien, cela ne l'a pas empêchée d'aimer la vie – au contraire, cela a augmenté sa détermination à vivre dans le présent. "J'ai décidé de vivre au jour le jour, et toujours positivement", dit-elle, ajoutant que le destin l'a bénie malgré la souffrance. Maintenant, elle est pleine de vie et d'énergie éclatante, et ses yeux brillent toujours.
Andrée Acouri ne regrette pas le passé!
Elle privilégie les costumes Saint Laurent et les robes Dior des années 60, et aime les pièces classiques – sa marque préférée actuellement est Armani. En tant que femme glamour et experte en mode, elle déclare: "Les mannequins d'aujourd'hui sont maigres. Ils ne sourient pas et marchent sans présence. C'est triste. Ils devraient pourtant marcher et tourner la tête gracieusement avec un sourire élégant, voire rayonnant.".
Acouri imagine la femme idéale comme étant toujours belle, élégante, féminine et capable de contrôler librement sa vie avec indépendance. Elle envoie alors un message: "Les filles, continuez et ne regardez jamais en arrière". "Je ne regrette pas le passé. Ce que je regrette, c'est que je n'ai plus la vingtaine pour défiler pour les marques Elie Saab et Armani".
Pourtant, une décision qu'Acouri regrette est d'avoir dû décliner la proposition du scénariste français Auguste Le Breton lorsqu'il lui a proposé un rôle dans le film Rififi chez les hommes. Elle a cédé au refus de son mari de participer au projet, ce qui l'attriste encore.
Acouri restera toujours le premier mannequin arabe et une icône de l'âge d'or du Liban. "Je ne sais pas si cette époque reviendra un jour", dit-elle. "Les années 60 étaient merveilleuses et prospères, et nous avancions rapidement dans la mode. A cette époque, je voyageais beaucoup, et à chaque fois que je revenais au Liban, je me disais que le Liban n’avait rien à envier aux autres pays.".