Nawal Berri est une personnalité très connue au Liban. Née le 9 avril 1986, elle fut reporter pour la télévision libanaise "al-Jadeed" (New TV ou NTV), puis reporter pour la télévision "Murr Télévision" (MTV, dirigée par Michel Murr). A présent, Nawal Berri (ou Nawel Berry), va débuter sa carrière d'actrice: elle vient de décrocher un rôle dans le troisième volet de la série "Mariée de Beyrouth" (Aroos Beirut).
Le site internet "Magazine" l’a rencontrée et nous donne plus de détails sur le parcours de Nawal.
Nawal Berry, connue mais critiquée
Nawal est une belle femme, intelligente, très énergique et professionnelle. Toutefois, elle a de nombreux détracteurs, principalement parce qu'elle fait partie de la grande famille Berry, connue pour être riche, puissante et traditionaliste, dont la figure publique la plus connue est son grand-cousin, l'homme politique Nabih Berry.
Comme une grande partie de la population libanaise déteste, à juste titre, la classe politique, Nabih Berry est une personnalité particulièrement critiquée par le peuple. Nabih Berry est le président du Parlement Libanais ainsi que le président du parti politique "Amal" (Espoir en français). Nawal pâtit donc de la mauvaise réputation de sa famille, bien qu'elle ne soit pas, elle-même, engagée en politique. Nawal adore son grand-cousin Nabih, elle le déclare sur les réseaux sociaux fréquemment et le considère comme le "grand homme de la famille" (kbir el-3aylé) ou "tonton Nabih" , ce qui n'arrange pas son cas auprès de ses critiques.
En tant que reporter, Nawal a couvert de nombreux sujets pour les journaux quotidiens à la télévision. Certains de ses anciens collègues l'ont considérée comme peu professionnelle, affirmant qu'elle est en fait une personne capricieuse. Une critique déplacée, selon l’intéressée, qui fit suite à une situation un peu spéciale lors de la couverture médiatique d'une manifestation populaire. Depuis, Nawal a du mal à se défaire de cette mauvaise réputation.
Nawal Berry, un reporter de terrain
Lorsque Nawal était reporter pour le journal télévisé de la NTV, la journaliste libanaise était sur tous les fronts, couvrant aussi bien l’actualité politique que sociale. Mariam el-Bassam, directrice des programmes d'informations et d'actualités de la NTV, la considérait comme sa protégée. Bien qu'en bons termes avec NTV, Nawal devient reporter en juillet-août 2016 pour MTV. Elle couvre les événements impliquant les plus grandes prises de risques.
Le fait le plus marquant, c'est lorsque Nawal fut elle-même à la Une de l'actualité, en Aout 2016. Alors qu'elle couvrait une manifestation populaire du mouvement libanais du "hirak", elle fut harcelée par certains manifestants.
Nawal couvrait une manifestation au centre-ville de Beyrouth. Les protestataires ont reconnu la journaliste et connaissaient ses liens avec Nabih Berry. Certains manifestants se sont mis à crier la formule "grand homme de la famille" (kbir el-3aylé) en s'approchant d'elle, alors qu'elle était en direct à la télévision MTV. Prise de panique, elle réagit spontanément et quitte les lieux en direct, en déclarant : "Ce ne sont pas des manifestants mais une bande de voyous!". Ses collègues resteront pantois devant le déroulement de cette scène, et c'est suite à cela que certains la qualifieront de capricieuse et de peu professionnelle.
Pourtant, en quelques années seulement en tant que reporter, elle a su démontrer son courage et son professionnalisme, en n’hésitant pas à couvrir des événements risqués. Bien que de confession musulmane chiite, elle s'était rendue à Aazaz , en Syrie, rencontrer les Libanais enlevés par les extrémistes sunnites syriens. Elle avait usé de son art de persuasion pour convaincre les kidnappeurs de permettre aux otages de dialoguer avec leurs familles par son intermédiaire et la NTV. En 2013, elle s’est également rendue en Indonésie, pour couvrir l'horrible naufrage de migrants libanais qui ont péri en pleine mer alors qu'ils nourrissaient le rêve de rejoindre l'Australie. Elle a voyagé au Mali pour couvrir l'accident d’avion qui s'est écrasé fin juillet 2017 au nord du Mali au départ du Burkina-Faso. Un accident qui avait coûté la vie à des familles libanaises.
Je ne suis pas capricieuse!
Suite à la réaction impulsive de la journaliste, on pouvait observer à l'époque un véritable tollé général sur les réseaux sociaux à son encontre. Nawal a tenu à s'exprimer, lors d'une interview auprès du site internet libanais "Magazine", pour expliquer sa réaction: "Quand je couvre un événement, je suis dans un tel état d’immersion que j’oublie que je suis devant une caméra. Depuis la naissance du "hirak", j’ai voulu le couvrir et, à plusieurs reprises, j’ai lâché mon micro pour défendre physiquement des jeunes que les agents de sécurité tabassaient. Deux fois, j’ai dû être hospitalisée. J’ai fait fi des conseils de ma famille qui me demandait d’éviter la couverture des manifestations de la société civile, qui s’attaquaient systématiquement dans leurs slogans à Nabih Berry. Mais je n’ai rien voulu entendre. En août dernier, alors que j’étais en direct à la MTV, les voilà qu’ils reprennent leurs attaques contre lui. Je ne bronche pas, jusqu’au moment où ils reprennent ma phrase célèbre sur les réseaux sociaux "kbir el-3aylé", en injuriant et en accablant mon grand-cousin de tous les maux. J’ai pris cela comme une attaque personnelle, d’autant plus qu’ils se rapprochaient dangereusement de moi en m’encerclant. Prise de panique, je lâche mon micro et disparaît de l’écran en disant: 'Ce ne sont pas des manifestants du hirak mais une bande de voyous'. Alors non, je ne suis pas capricieuse. Non, je n’ai pas manqué de professionnalisme. J’ai simplement paniqué, attaquée dans ma dignité et mon intégrité physique. Après tout, le journaliste est un être humain comme les autres. Non?. Je veux bien qu’on me critique, cela me sert à avancer, mais pas sur le plan personnel. D’ailleurs, je ne suis pas engagée politiquement et ma préférence va toujours vers le social. La politique à mes yeux ne sert à rien, alors que le social peut changer le monde. J’aime mon métier, mais je me vois bien un jour faire de l’humanitaire et m’engager auprès des plus démunis. Je suis une femme de paix, qui évite conflits et problèmes. Solitaire, la vie mondaine ne fait pas partie de mes priorités".
Une famille ouverte sur le monde
Si vous demandez à Nawal comment sa famille traditionnelle peut laisser une belle femme comme elle s'exposer autant publiquement, elle répondra: "Mes parents sont ouverts d’esprit. Mon père a vécu aux Etats-Unis et, d’ailleurs, je possède le passeport américain. Ma mère est fière de moi et mon épanouissement est essentiel à ses yeux. J’ai grandi dans le village de Tebnine et j’ai le caractère de la fille du Sud. Je ne couvre jamais ma tête ou mon visage car je suis naturelle et spontanée. Ma spontanéité se traduit, parfois, par des attitudes impulsives... mais je me soigne. Je suis une résistante, une battante, et j’entends le rester".