Début janvier 2024, la chanteuse marocaine Dounia Batma est apparue dans une vidéo en pleurs et effondrée, après que son recours contre une décision de justice qui la condamne à une peine d’un an de prison dans la célèbre affaire connue sous le nom de "Hamza mon bb" ait été rejeté.
La Cour de cassation de Rabat au Maroc avait en effet refusé, le 27 décembre 2023, le recours présenté par Dounia Batma et confirmé la sentence prononcée en appel, condamnant l’accusée à une année de prison ferme et à une amende de 10 000 dirhams.
Batma était poursuivie pour "accès frauduleux à un système de traitement automatisé de données et atteinte à la vie privée d’autrui, diffusion sur Internet de déclarations et photos privées de personnes sans leur consentement, diffamation et participation à des actes de chantage et de menaces".
En quoi consiste l’affaire Hamza mon bb ?
C’est une affaire qui a commencé il y a des années de cela. Les comptes Instagram, Facebook et Snapchat portant le nom "Hamza mon bb" sont apparus pour la première fois en 2016. Ils diffusaient des photos, des messages privés et des vidéos appartenant à des célébrités marocaines et internationales, à leur insu. Les gestionnaires de ces comptes étaient des maîtres chanteurs qui réclamaient des sommes importantes pour ne pas publier de contenus compromettants. Dès 2016, une première plaignante, la célèbre styliste marocaine Siham Badda, s’en est plainte au Procureur du roi près du tribunal de première instance de Marrakech. Selon Siham Badda, les comptes "Hamza mon bb" affirmaient sur les réseaux sociaux qu’elle avait monté un réseau de prostitution à Marrakech et qu’elle était coupable de proxénétisme au profit de riches magnats du pétrole.
Ensuite, ce fut au tour de la journaliste marocaine Meriem Saïd, alors présentatrice pour la chaîne saoudienne MBC, de devenir victime des maîtres chanteurs anonymes. Ceux-ci ont publié des photos compromettantes de la journaliste, qui lui ont coûté son couple (son fiancé, Karim Darif, a rompu) et son poste à la MBC !
Après avoir fait sa propre enquête, Meriem Saïd a porté plainte en 2018 contre Dounia Batma et sa sœur, Ibtissam.
Un peu plus tard, deux autres personnalités ont saisi le juge fin 2019 pour se plaindre de menaces, de chantage et de diffamation de la part des maîtres chanteurs. Il s'agit de Saïda Charaf, une artiste marocaine d’origine sahraouie accusée par "Hamza mon bb" d’entretenir des relations secrètes avec des membres du Front Polisario, et de Mohamed Madimi, président du Centre national des droits de l’Homme. Celui-ci gênait probablement, selon lui, parce qu’il enquêtait sur l’acquisition illégale de biens à Marrakech.
Implication des sœurs Batma
Après la multiplication des plaintes contre les comptes Hamza mon bb, la police judiciaire a ouvert une enquête en septembre 2019. L’enquête l’a menée à arrêter la Youtubeuse "Soukaïna Glamour" en tant que principal suspect dans cette affaire. Dans sa déposition, cette dernière a confirmé l’implication des sœurs Batma dans la gestion et le financement des comptes Hamza mon bb. Ces déclarations ont ainsi conduit à l’arrestation de Dounia et Ibtissam Batma. En 2020, les accusées ont été placées en détention provisoire, elles risquaient alors jusqu’à 3 ans d’emprisonnement.
Finalement condamnée à 8 mois de prison en première instance en 2020, Dounia Batma qui avait formé appel de la décision, a vu sa peine alourdie par la Cour d’appel de Marrakech à 12 mois ferme en 2021. Les autres responsables du compte "Hamza mon bb" – dont sa sœur et une dizaine de personnes – ont aussi écopé de peines d’emprisonnement ferme. Il était vraiment temps de mettre un terme à cette entreprise mafieuse et tentaculaire !
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